Un néonazi allemand avoue le meurtre de Walter Lübcke
Un néonazi allemand avoue le meurtre de Walter Lübcke
Le Monde.fr avec AFP
Stephan Ernst, déjà condamné en 1993, a été interpellé mi-juin. Les enquêteurs cherchent d’éventuels complices.
Stephan Ernst, un néonazi allemand, déjà condamné pour des violences racistes, a avoué le meurtre de Walter Lübcke, un élu promigrants de la CDU, le parti d’Angela Merkel. Le suspect, un néonazi de 45 ans déjà condamné en 1993 pour une attaque à l’explosif contre un foyer d’étrangers, a « déclaré avoir agi seul », a annoncé mercredi 26 juin le ministre de l’intérieur, Horst Seehofer, à l’issue d’une réunion à huis clos au Bundestag consacrée à cette affaire.
Stephan Ernst, qui était sorti des radars des services de renseignements depuis plusieurs années, a été interpellé mi-juin dans l’enquête sur le meurtre de Walter Lübcke, élu local de la CDU en Hesse. Le ministre a assuré que l’enquête sur ce « meurtre politique » n’était pas achevée et portait sur la recherche d’éventuels complices, même si le suspect assure ne pas en avoir eu. Il a aussi promis des moyens supplémentaires pour lutter contre la droite radicale.
Défense de la politique d’accueil des migrants
Walter Lübcke, haut fonctionnaire territorial de 65 ans, avait été retrouvé mort le 2 juin sur la terrasse de sa maison à Wolfhagen, dans la banlieue de Cassel. Il s’était fait remarquer sur la question migratoire en défendant la décision de la chancelière d’ouvrir les portes du pays en 2015 à des centaines de milliers de demandeurs d’asile. En octobre 2015, il avait même invité les Allemands ne partageant pas ses valeurs à quitter le pays, ce qui lui avait valu les foudres de l’extrême droite et des menaces de mort.
L’annonce de son assassinat avait été saluée par des commentaires haineux sur les réseaux sociaux en Allemagne mais fermement condamnée par tous les partis. Angela Merkel avait ainsi appelé le 22 juin à combattre les néonazis « sans aucun tabou ».
Mise en garde de la CDU à l’AfD
Son parti, la CDU, a menacé mardi d’utiliser « tous les moyens » contre ses membres tentés par une alliance avec le parti d’extrême droite AfD, qu’elle accuse d’être indirectement la cause du meurtre par son discours antimigrants virulent et ses attaques répétées contre les partis favorables à l’accueil des réfugiés.
L’AfD a connu un essor jamais vu pour un parti d’extrême droite depuis la fin de la seconde guerre mondiale, attisant les inquiétudes des Allemands à la suite de la crise migratoire de 2015-2016.