Delphine Batho saisit le procureur pour une « possible prise illégale d’intérêts » du directeur de General Electric France
Delphine Batho saisit le procureur pour une « possible prise illégale d’intérêts » du directeur de General Electric France
Le Monde.fr avec AFP
La députée souligne le fait que Hugh Bailey ait été conseiller en financement des exportations au cabinet d’Emmanuel Macron lorsqu’une aide de 70 millions d’euros a été accordée à l’entreprise, avant de rejoindre celle-ci un an plus tard.
La députée Delphine Batho, présidente de Génération écologie, a saisi le procureur de la République d’une « possible prise illégale d’intérêts » concernant le directeur général de General Electric France, Hugh Bailey, ancien conseiller d’Emmanuel Macron à Bercy, des « allégations infondées » selon la société, dimanche.
Dans un courrier révélé par L’Obs vendredi et confirmé à l’AFP, Mme Batho relève « qu’une aide de 70,3 millions d’euros a été accordée à General Electric Energy Product, dont le siège est à Belfort (…) pour l’achat de 4 turbos alternateurs pour une centrale à cycle combinée à Bazian en Irak, au premier semestre 2016 ».
Or le conseiller en affaires industrielles et financement des exportations au cabinet du ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique était jusqu’en septembre 2016 Hugh Bailey, explique-t-elle, se fondant sur un article de L’Obs.
« Bien qu’il n’ait probablement pas pris cette décision seul, il apparaît qu’il est devenu un an et deux mois après successivement directeur des affaires institutionnelles de General Electric France depuis novembre 2017, puis directeur général depuis avril 2019 », souligne l’élue des Deux-Sèvres.
General Electric dénonce des accusations « infondées »
General Electric a affirmé dimanche que « ces allégations [de possible prise illégale d’intérêts] sur Hugh Bailey sont infondées. Nous sommes à la disposition des autorités afin de réfuter celles-ci ». Le directeur général « se réserve le droit de prendre toute mesure légale nécessaire contre ces déclarations diffamatoires et pratiques calomnieuses », selon son avocat, Benjamin Van Gaver, cité par le groupe.
Dans un avis rendu le 16 novembre 2017, la commission de déontologie de la fonction publique avait estimé que le parcours de M. Bailey était compatible avec sa fonction d’alors, sous réserve « d’une part, que l’intéressé s’abstienne de toute relation professionnelle jusqu’au 1er septembre 2019, avec les membres du cabinet du ministre de l’économie qui étaient en fonction lorsqu’il l’était lui-même, et qui le seraient encore et, d’autre part, sous réserve qu’il s’abstienne jusqu’au 1er novembre 2020 d’avoir des relations professionnelles avec les services de la sous-direction du financement des entreprises de la direction générale du Trésor ».
Fin mai, des syndicats de General Electric s’étaient interrogés sur la nomination de M. Bailey, certains y voyant « la caution » d’un plan social dédié aux seuls actionnaires, les autres, un « possible facilitateur » en vue d’une réindustrialisation.
Le groupe américain a annoncé fin mai son intention de supprimer 1 044 postes en France, dont 800 à Belfort dans l’entité turbines à gaz.