Les surprises de l’archéologie à Paris
Les surprises de l’archéologie à Paris
Par Denis Cosnard
Un site mis en ligne le 3 juillet propose de découvrir les résultats de 2 000 fouilles dans la capitale.
La sépulture antique découverte en juin 2019 dans le quartier latin / Marc Lelièvre / DHAAP
Cela a été une surprise complète. En procédant à des fouilles à l’occasion d’un chantier immobilier, dans le Quartier latin, les archéologues de la ville de Paris sont tombés il y a quelques semaines sur une sépulture inattendue. Le squelette d’un adolescent du IIe ou IIIe siècle après Jésus-Christ. Il gisait à 1,80 mètre sous le sol, recouvert par des remblais contenant des céramiques antiques.
« Il n’y avait aucun indice d’une sépulture dans ce secteur de la Montagne-Sainte-Geneviève, en périphérie de la ville antique, explique Julien Avinain, l’archéologue qui a mené les travaux. S’agit-il d’un paria que l’on a enterré à l’écart, ou de la première trace d’une zone d’inhumation ? » L’enquête commence ! L’étude au carbone 14 qui vient d’être lancée permettra déjà de mieux dater les ossements.
Pour l’heure, cette découverte a été dûment inscrite sur la passionnante carte interactive mise en ligne mercredi 3 juillet par la Ville de Paris. Réalisée en partenariat avec le CNRS, l’Institut national de recherches archéologiques préventives et l’Etat, elle recense plus de 2 000 fouilles entreprises dans la capitale depuis le XIXe siècle. Chacun peut zoomer sur les vestiges identifiés près de chez lui, des silex datant du mésolithique trouvés en 2008 rue Henry-Farman (15e arrondissement) jusqu’au tronçon de l’enceinte de Thiers dégagé fortuitement boulevard Davout (12e) en 2013.
A chaque point est associée une notice descriptive, en attendant, bientôt, des photographies et des milliers de documents inédits. « Le grand public, les scolaires, les universitaires, tout le monde pourra découvrir d’un clic l’incroyable richesse du sous-sol parisien », s’enthousiasme Karen Taïeb, l’adjointe chargée du patrimoine.
La carte montre aussi comment le cœur de la ville a bougé au fil des siècles. La ville gauloise se trouvait soit sur l’île de la Cité, soit à Nanterre (Hauts-de-Seine), le sujet fait encore débat. « En bons conquérants, les Romains l’ont réimplantée rive gauche, en dessinant un plan en damier dont le cardo maximus, l’actuelle rue Saint-Jacques, constituait l’axe majeur », détaille Julien Avinain. A la fin de l’Antiquité, la ville se déplace vers l’île de la Cité, puis elle repart au moyen âge vers le nord, à un moment où les échanges se développent moins avec la Méditerranée qu’avec les Flandres. Viendra ensuite le temps de l’essor rive droite, et des fortifications, dont la carte indique les tracés successifs.
« Il reste des zones à fouiller, notamment sous les jardins des congrégations religieuses du 5e arrondissement », souligne Julien Avinain, en espérant bien de nouvelles surprises.