L’Egypte demande à Interpol de localiser un buste de Toutankhamon
L’Egypte demande à Interpol de localiser un buste de Toutankhamon
Le Monde.fr avec AFP
Monté sur le trône vers 1333 avant Jésus-Christ, Toutankhamon est sans doute le plus célèbre pharaon de l’histoire. Son buste sculpté a été vendu pour près de 5,3 millions d’euros.
Cliché de catalogue pour la mise en vente chez Christie’s d’un buste de Toutankhamon en quartzite, vieux de trois mille ans. / HO / AFP
Son portrait-robot est connu depuis trois mille ans, une bouche pleine avec une lèvre inférieure légèrement tombante, des yeux en amande, un creux profond entre les yeux et les sourcils. Il devrait désormais faire l’objet d’une notice d’Interpol. Lundi 8 juillet, l’Egypte a en effet demandé à l’organisation internationale de localiser un portrait sculpté de Toutankhamon datant de trois mille ans.
La maison d’enchères Christie’s avait vendu le 4 juillet, contre l’avis du Caire, cette tête de 28,5 centimètres de haut à un acheteur inconnu, lors de l’une des ventes les plus controversées de ces dernières années. Montant de l’achat : près de 4,7 millions de livres, soit 5,3 millions d’euros.
Une pièce volée ?
Moins d’une semaine après, le Comité national égyptien pour le rapatriement des antiquités (NCAR) se réunit en toute urgence et déclare que le parquet égyptien a demandé à l’Organisation internationale de police criminelle (OIPC, Interpol) « d’émettre une notice pour localiser » la tête en quartzite en raison de l’absence des documents nécessaires lors de la vente. « Le comité exprime son profond mécontentement devant le comportement non professionnel » qui a permis « la vente d’antiquités égyptiennes sans que soient fournis les titres de propriété et les documents prouvant leur exportation légale d’Egypte », déclare également le NCAR dans un communiqué.
Le comité, dirigé par le ministre des antiquités, Khaled Al-Enany, appelle Londres à « interdire l’exportation des objets vendus » jusqu’à ce que les documents requis soient présentés aux autorités égyptiennes, et indique avoir embauché un cabinet d’avocats britannique pour intenter un « procès au civil », sans fournir d’autres détails.
La mise en vente de la tête de Toutankhamon avait immédiatement provoqué la colère des autorités égyptiennes. L’ancien ministre des antiquités, Zahi Hawass, avait alors déclaré à l’AFP que cette pièce semblait avoir été « volée » dans les années 1970 dans le complexe du temple de Karnak, au nord de Louxor. Et le ministère égyptien des affaires étrangères avait demandé à son homologue britannique et à l’Unesco d’empêcher cette vente.
Christie’s se défend
Mais de telles interventions sont rares et ne sont effectuées que lorsqu’il est clairement établi que la légitimité de l’acquisition de l’objet par le vendeur est contestée.
Christie’s a fait valoir que l’Egypte n’avait auparavant jamais exprimé d’inquiétude à propos de l’objet controversé, « bien que son existence soit largement connue et qu’il ait été exposé publiquement ».
La maison d’enchères a publié une chronologie sur la manière dont les marchands d’art européens se sont échangés l’œuvre ces cinquante dernières années, et déclaré à l’AFP qu’elle ne « vendrait aucune œuvre sans un titre de propriété clair ».
Mythe de la malédiction
Monté sur le trône vers 1333 avant Jésus-Christ, Toutankhamon est sans doute le plus célèbre pharaon de l’histoire en raison de l’incroyable découverte de sa tombe, intacte, dans la vallée des Rois en 1922 par l’archéologue britannique Howard Carter et son riche mécène, Lord Carnarvon.
Fils du pharaon Akhénaton, époux de la légendaire reine Néfertiti, « l’enfant pharaon » aurait accédé au pouvoir à l’âge de 9 ans et serait mort dix ans plus tard de paludisme combiné à une affection osseuse.
Un an après la fabuleuse découverte de son tombeau, Lord Carnarvon meurt de septicémie, des suites d’une coupure infectée. D’autres décès ont suivi, dont celui de Howard Carter, mort d’un cancer en 1939 sans avoir achevé la publication de son ouvrage sur la sépulture, nourrissant le mythe de la malédiction du pharaon qui frapperait ceux qui ont ouvert le tombeau.
Aujourd’hui, l’Egypte antique continue de fasciner le grand public, comme le montre le succès de l’exposition « Toutankhamon, le trésor du pharaon », installée à Paris, après Le Caire et avant Londres.
Toutankhamon : pourquoi le pharaon est-il si célèbre ?
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