Missiles de l’armée française en Libye : Tripoli veut des explications « urgentes » de Paris
Missiles de l’armée française en Libye : Tripoli veut des explications « urgentes » de Paris
Le Monde.fr avec AFP
La France a reconnu, mercredi, que les armes découvertes sur une base désertée par les forces du maréchal Khalifa Haftar, près de Tripoli, lui appartenaient.
Un des missiles Javelin découverts dans un QG du maréchal Khalifa Haftar près de Tripoli, en Libye, le 29 juin. / Hazem Ahmed / AP
Le gouvernement d’union nationale (GNA) libyen, reconnu par les Nations unies, a demandé jeudi 11 juillet des explications « urgentes » à Paris, la découverte de missiles français sur une base désertée par les forces du maréchal Khalifa Haftar, près de Tripoli.
Dans une lettre, le ministre des affaires étrangères du GNA, Mohamad Tahar Siala, a demandé à son homologue français, Jean-Yves Le Drian, « d’expliquer de manière urgente le mécanisme par lequel les armes françaises découvertes à Gharian sont parvenues aux forces de Haftar, quand ont-elles été livrées et comment ? », selon un communiqué du ministère.
M. Siala a également souhaité connaître « les quantités d’armes » qu’aurait fournies Paris au maréchal, et « dont l’existence [dans le pays] contredit les déclarations du gouvernement français (…) de soutien au GNA, comme seul reconnu internationalement ». La France a admis mercredi que des missiles découverts lui appartenaient, mais a réfuté les avoir livrés aux forces de Khalifa Haftar.
L’information, révélée par le New York Times, contraint Paris, une nouvelle fois, à justifier sa politique en Libye, où sa proximité avec l’Armée nationale libyenne (ANL) de M. Haftar, l’homme fort de la Cyrénaïque (est) parti à l’assaut de la capitale début avril, se conjugue avec un soutien formel au camp rival du GAN du premier ministre, Faïez Sarraj, reconnu par les Nations unies.
1 048 morts et 5 558 blessés
Le quotidien américain avait attribué mardi à la France la propriété de quatre de ces missiles américains antichar, découverts par les forces loyales au GNA à Gharian, ville reprise fin juin au maréchal Haftar à 100 km de Tripoli. L’homme fort de l’Est libyen a lancé le 4 avril une offensive sur la capitale.
« Ces armes étaient destinées à l’autoprotection d’un détachement français déployé à des fins de renseignement en matière de contre-terrorisme », a détaillé le ministère français des armées, ainsi forcé de confirmer la présence de ses forces sur le territoire. Ces munitions, « endommagées et hors d’usage », étaient « temporairement stockées dans un dépôt en vue de leur destruction » et « n’ont pas été transférées à des forces locales », assure Paris, sans pour autant expliquer comment elles ont fini sur cette base.
La France reconnaît avoir apporté du renseignement au maréchal dans l’Est et le Sud mais réfute tout soutien militaire dans son offensive contre Tripoli. En 2016, trois militaires avaient péri lors d’une mission de renseignement dans l’Est.
En dépit d’un embargo de l’ONU, des livraisons d’armements continuent d’affluer des deux côtés, faisant peser la menace d’une guerre par procuration entre puissances régionales. Depuis le début de l’offensive de Khalifa Haftar, les combats aux portes de la capitale libyenne ont fait 1 048 morts, dont 106 civils, et 5 558 blessés, dont 289 civils, selon un dernier bilan établi mardi par l’Organisation mondiale de santé.
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