Les navettes autonomes Navya, lentes et inadaptées, éjectées de la Défense
Les navettes autonomes Navya, lentes et inadaptées, éjectées de la Défense
Par Éric Béziat
Deux ans après son lancement, l’expérimentation est interrompue. Un échec pour le constructeur français de ces véhicules électriques.
Une navette autonome Navya, lors de son lancement à la Défense, en juillet 2017. / JACQUES DEMARTHON / AFP
L’expérience – présentée comme une première mondiale dans un environnement aussi complexe – avait vu le jour le lundi 3 juillet 2017. Deux ans après, l’établissement public Paris-la Défense jette l’éponge et met fin, par un sévère constat d’échec, à son expérimentation de transport en minibus électrique et autonome sur le parvis.
« Au terme de l’expérimentation, le bilan global n’est pas satisfaisant, écrit le communiqué diffusé, vendredi 12 juillet, par l’établissement. D’une part, la technologie n’a pas su s’adapter aux mutations de l’environnement urbain. D’autre part, l’objectif de passage en “full autonome” n’a pas abouti. Enfin, la vitesse de circulation de la navette n’a pas réussi à progresser et donc à rendre le service attractif. »
Financée par Ile-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice des transports dans la région capitale, qui a dépensé plus de 300 000 euros dans l’affaire, l’expérimentation avait pourtant connu un départ prometteur, les six premiers mois de son existence. Plus de 30 000 voyageurs avaient emprunté le minibus de la marque française Navya, mis en œuvre par l’opérateur de transport public Keolis (filiale de la SNCF). L’engin pouvait transporter 15 personnes, et était en théorie capable de se frayer un chemin dans le flux des 500 000 personnes (piétons, vélos, véhicules techniques) qui empruntent chaque jour le plus vaste espace piétonnier d’Europe.
Un modèle fragile
Les indices de satisfaction étaient même excellents : 97 % d’usagers satisfaits, 88 % de personnes prêtes à retenter l’expérience. Mais, rapidement, les choses se sont gâtées. A la rentrée 2017, contrairement à la promesse initiale, il s’est révélé impossible de faire fonctionner la navette sans un opérateur de secours à son bord. Puis, en décembre 2017, un des véhicules a connu un problème technique qui a entraîné une immobilisation des trois minibus pendant six mois.
L’expérimentation a été relancée en juin 2018 avec une navette en moins. Las ! Le service ne s’est guère amélioré, perturbé par des contraintes techniques et l’aspect constamment mouvant de cette fourmilière humaine qu’est le parvis de la Défense. « L’exploitation du service a été complexe, en raison de difficultés liées à la connexion (effet de canyon urbain du fait de la hauteur des tours) et la forte mutabilité de l’environnement urbain au gré des événements (marché de Noël, foodtrucks, travaux…) », détaille le communiqué de Paris-la Défense.
C’est un revers pour l’entreprise lyonnaise Navya en particulier, et, plus généralement, pour les navettes autonomes destinées à la desserte du dernier kilomètre (l’autre grand constructeur de ces engins étant aussi une entreprise hexagonale, le toulousain EasyMile).
Navya, qui a pour actionnaires minoritaires Keolis et l’équipementier automobile Valeo, connaît plus de succès avec d’autres expérimentations (dont la desserte du quartier de la Confluence, à Lyon). Mais l’échec de la Défense souligne la fragilité du modèle des « navettes autonomes », qui, jusqu’ici, n’ont jamais démontré une capacité à offrir un service de transport à la fois fiable, confortable, régulier et plus rapide que la vitesse d’un piéton.