Etats-Unis : Donald Trump accusé de racisme par la Chambre des représentants
Etats-Unis : Donald Trump accusé de racisme par la Chambre des représentants
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
La chambre basse du Congrès a adopté une résolution symbolique qui vise le président américain après une série de commentaires agressifs envers des élues démocrates issues de minorités.
La démocrate Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants qui a adopté une motion condamnant les propos du président Trump, le 16 juillet à Washington. / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP
La chambre basse du Congrès américain a adopté mardi 16 juillet une motion condamnant les « commentaires racistes » du président américain, une accusation dont il s’était plus tôt défendu tout en continuant d’attaquer violemment quatre élues démocrates issues de minorités.
La Chambre des représentants, à majorité démocrate, « condamne fermement les commentaires racistes du président Donald Trump légitimant et accentuant la peur et la haine des nouveaux Américains et des personnes de couleur », déclare le texte, pour lequel ont également voté quatre élus républicains.
La mesure, qui n’a pas force de loi, est symbolique et vise à faire honte au président américain et à ses pairs du Parti républicain qui l’ont soutenu.
Dans une série de tweets, le tempétueux milliardaire républicain avait conseillé dimanche à plusieurs élues, dont trois sont nées aux Etats-Unis, de « retourner » dans « ces endroits totalement défaillants et infestés par la criminalité dont elles viennent ». Il avait intensifié ses attaques le lendemain, les accusant de « haïr » l’Amérique. Donald Trump avait appelé mardi les élus de son parti à ne pas tomber dans le « piège » tendu, selon lui, par ses adversaires.
« Pas une once de racisme en moi »
« Ces tweets n’étaient PAS racistes. Il n’y a pas une once de racisme en moi ! », a-t-il martelé, évoquant ses attaques visant Alexandria Ocasio-Cortez (New York), Ilhan Omar (Minnesota), Ayanna Pressley (Massachusetts) et Rashida Tlaib (Michigan).
Puis, fidèle à sa stratégie consistant à alimenter les controverses qu’il a lui-même créées, le milliardaire républicain a pris soin de répéter son message : « Notre pays est libre, magnifique et prospère. Si vous détestez notre pays, ou si vous n’êtes pas heureux ici, vous pouvez partir ! »
A l’approche de la présidentielle de novembre 2020, il semble plus déterminé que jamais à galvaniser sa base électorale – très majoritairement blanche – et à tout faire pour alimenter les divisions chez ses adversaires politiques. M. Trump sait qu’il peut compter sur le soutien des ténors républicains du Congrès. Car si, ici et là, des élus du « Grand Old Party » ont dénoncé les tweets présidentiels, ils sont dans l’ensemble très prudents dans leurs critiques envers celui qui sera – sauf énorme surprise – leur candidat en 2020.
Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat, s’en est tenu à une déclaration très générale. « Nous avons tous une responsabilité (…), nos mots sont importants », a-t-il simplement affirmé, avant d’ajouter, en réponse à une question, que le président n’était, à ses yeux, « pas un raciste ». Pour Kevin McCarthy, chef de la minorité républicaine à la Chambre, toute la polémique « n’est qu’une histoire politique ».
Silence dans les rangs présidentiels
Les quatre femmes visées ont répliqué ensemble lundi soir, affichant leur détermination à ne pas céder face aux attaques venues de la Maison Blanche. Donald Trump « ne sait plus comment défendre sa politique, donc il nous attaque personnellement », a lancé Rashida Tlaib. Ses attaques « sont dans la continuité de sa partition raciste et xénophobe », a-t-elle ajouté.
Ilhan Omar, l’une des élues démocrates visées par les commentaires de Donald Trump, à sa sortie du Capitole le 16 juillet à Washington. / Pete Marovich / AFP
« Ces commentaires de la Maison blanche sont scandaleux et répugnants et ces commentaires sont racistes », a déclaré la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
Pour l’ancien sénateur républicain de l’Arizona, Jeff Flake, qui a de nombreuses prises de bec avec le président, le silence des membres de son parti ne peut, dans un cas pareil, se justifier. « J’ai souvent dit qu’on ne pouvait attendre des élus républicains qu’ils répondent à toutes les déclarations du président. Mais il y a des moments où elles sont si ignobles et insultantes qu’il leur appartient de les condamner », a-t-il tweeté.
Chuck Schumer, chef des sénateurs démocrates, a une nouvelle fois déploré le silence dans les rangs du parti présidentiel. « C’est effrayant de constater à quel point, de manière répétée, nombre de mes collègues républicains laissent juste passer l’orage sans dire le moindre mot », a-t-il lancé. Et de s’interroger sur les raisons de ce silence : un « accord » avec le président ou de la « gêne » face à ses propos. « Dans les deux cas, c’est inexcusable », a-t-il estimé.
Pour Joe Biden, vice-président sous Barack Obama et candidat à l’investiture démocrate pour 2020, aucun président dans l’histoire américaine « n’a été aussi ouvertement raciste que cet homme ».
« Pouvez-vous imaginer un président conservateur comme George W. Bush faire des telles déclarations racistes ? », a lancé Bernie Sanders, qui espère lui aussi porter les couleurs démocrates lors de la prochaine présidentielle.