Le gouvernement entend également favoriser l’apprentissage sur boîte automatique. / KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Permis à 17 ans, conduite sur simulateur, formation sur boîte automatique : ces trois mesures d’une réforme du permis de conduire entrent en vigueur lundi 22 juillet. Des mesures annoncées en mai par le premier ministre, Edouard Philippe, pour réduire les délais de passage et le coût du fameux sésame automobile.

L’objectif annoncé par le gouvernement est d’abaisser à terme de 30 % le coût moyen de l’examen, d’environ 1 800 euros actuellement, et de diminuer l’attente pour avoir une place pour l’épreuve, qui dépasse parfois soixante jours.

Jusqu’à présent, les jeunes ayant suivi « l’apprentissage anticipé de la conduite » (la conduite accompagnée) pouvaient passer le permis à 17 ans et demi, sans toutefois avoir le droit de conduire seul avant leurs 18 ans. A partir de lundi, ils pourront le passer à 17 ans, toujours sans pouvoir conduire seul avant leur majorité.

Les candidats ayant fait la conduite accompagnée réussissent généralement l’épreuve pratique au premier coup (74,5 %, contre 57,7 % en moyenne), et réalisent donc des économies en n’ayant pas à payer des heures avant une nouvelle tentative. Mais Anne Lavaud, la déléguée générale de l’association Prévention routière, reste réservée sur la portée de la réforme :

« On plafonne toujours à un quart des permis venant de la conduite accompagnée (285 000 en 2018, pour environ 800 000 permis délivrés chaque année). Je ne vois pas en quoi passer le permis six mois plus tôt va permettre de crever ce plafond et donc avoir un réel bénéfice de coûts. »

Cette mesure suscite également chez elle une « préoccupation » en termes de sécurité. « En passant le permis à 17 ans, ils ne pourront conduire qu’un an plus tard. S’ils ne continuent pas à pratiquer, ce qu’ils pourront faire seulement avec leurs parents, ils risquent de perdre des réflexes acquis durant l’apprentissage », craint-elle.

Les auto-écoles traditionnelles voient, elles, un signal positif face à la concurrence des plateformes en ligne. « Avec cette mesure, le ministre fait la promotion de l’apprentissage anticipé de la conduite, la seule formation qui impacte favorablement l’accidentalité des jeunes. La qualité de cette formation ne peut être assurée que par les écoles de conduite de proximité », affirme Patrice Bessone, le président du CNPA-Education routière, premier syndicat de patrons d’auto-écoles.

Apprentissage en simulateur

Autre point de cette réforme : le nombre d’heures d’apprentissage en simulateur va être étendu de cinq à dix heures. Cet outil permet aux élèves de faire leurs premiers tours de volant sereinement avant de se jeter dans le trafic, ou d’appréhender des situations peu courantes (conduite sur neige par exemple). Il présente aussi un avantage en termes de coûts : ces heures sont facturées moins cher que celles de conduite qui, elles, incluent le prix du carburant ou l’amortissement de la voiture. Selon le gouvernement, sur une formation d’une trentaine d’heures, réaliser dix heures sur simulateur permet d’économiser 135 euros.

Aujourd’hui, entre la moitié et les deux tiers des auto-écoles en sont dotées. Les autres devront s’équiper. Le gouvernement a promis un mécanisme de suramortissement fiscal pour les y inciter.

Enfin, le gouvernement entend également favoriser l’apprentissage sur boîte automatique, en réduisant de six à trois mois le délai pour pouvoir ensuite conduire une boîte manuelle (après une formation complémentaire). De maniement plus simple, la formation à la boîte automatique est plus courte (treize heures au lieu de vingt) et donc moins chère. « Dans les cinq prochaines années, on n’aura que des boîtes automatiques. Donc c’est une bonne chose, on se met sur le profil de la transition écologique et des futurs véhicules », estime Patrice Bessone.

Mais en attendant que les boîtes automatiques se généralisent (environ 30 % du parc actuellement), les conducteurs devront passer sept heures de formation supplémentaires pour avoir le droit de conduire sur une boîte manuelle, au prix moyen de 45 euros l’heure.