Cameroun : détenus politiques et séparatistes manifestent sur Facebook depuis leur prison
Cameroun : détenus politiques et séparatistes manifestent sur Facebook depuis leur prison
Le Monde.fr avec AFP
Les séparatistes, qui veulent créer un Etat indépendant dans les régions anglophones du pays, réclament la libération de tous les détenus politiques.
Des opposants politiques et séparatistes anglophones, détenus à la prison centrale de Yaoundé, au Cameroun, ont manifesté lundi 22 juillet en direct sur Facebook.
« Nous ne voulons plus manger de maïs en bouillie », a lancé, lors de cette manifestation, Mamadou Mota, interpellé en juin puis écroué, premier vice-président d’un des principaux parti d’opposition, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC).
La vidéo en direct, dont l’authenticité a été confirmée par des responsables du MRC, a été tournée dans la cour intérieure de la prison. On y voit M. Mota se joindre à une manifestation engagée dans la journée de lundi par des séparatistes anglophones. Son apparition et sa prise de parole sont très applaudies par les détenus présents.
Tensions politiques
Dans d’autres vidéos tournées pendant la même manifestation et toujours relayées sur Facebook, plusieurs séparatistes chantent l’hymne de l’Ambazonie, l’Etat indépendant qu’ils veulent créer dans les régions anglophones du Cameroun. Ils réclament la libération de « tous » les détenus de la crise anglophone, tout en célébrant Julius Ayuk Tabe, le président autoproclamé de l’Ambazonie, détenu lui aussi à Yaoundé.
Dans l’une des vidéos, on aperçoit des figures de la contestation anglophone comme Mancho Bibixy, interpellé dès l’éclatement du mouvement en 2016 puis condamné à quinze ans de prison, notamment pour terrorisme.
Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont confrontées à une violente crise sociopolitique depuis près de trois ans, qui a dégénéré en conflit armé, soldats et séparatistes s’affrontant régulièrement.
Outre cette crise, le Cameroun fait face à des tensions politiques depuis la tenue de la présidentielle d’octobre 2018. Les résultats de ce scrutin remporté par Paul Biya, 86 ans et au pouvoir depuis 1982, sont contestés par le principal opposant, Maurice Kamto, arrivé officiellement deuxième de cette élection. M. Kamto est écroué depuis janvier, de même qu’une multitude de ses partisans et soutiens, arrêtés à la même période et dans les mois suivants.