Les Etats-Unis ont enfin un nouveau ministre de la défense
Les Etats-Unis ont enfin un nouveau ministre de la défense
Donald Trump s’était tourné vers M. Esper pour diriger le Pentagone lorsque son candidat précédent, Patrick Shanahan, avait renoncé en juin à briguer ce poste.
Le nouveau ministre de la défense Mark Esper prête serment à la Maison Blanche, le 23 juillet. / NICHOLAS KAMM / AFP
Sept mois après la démission fracassante de l’ex-général des Marines Jim Mattis, les Etats-Unis ont enfin un ministre de la défense à part entière : Mark Esper, dont la nomination a été approuvée mardi par le Sénat.
Ex-militaire reconverti dans l’industrie de défense, secrétaire à l’armée de terre depuis 2017, M. Esper, 55 ans, a prêté serment dès mardi à la Maison Blanche. « C’est un jour très important pour notre pays », a souligné Donald Trump à l’occasion de la petite cérémonie ayant officiellement installé le nouveau ministre de la défense dans ses fonctions. « Il n’y a personne de plus qualifié pour diriger le ministère de la défense », a ajouté le président américain.
Institution déstabilisée
M. Trump s’était tourné vers M. Esper pour diriger le Pentagone lorsque son candidat précédent, Patrick Shanahan, avait renoncé en juin à briguer ce poste pour raisons familiales, après avoir assuré un intérim de six mois.
M. Esper arrive à la tête d’une institution déstabilisée par la succession de ses dirigeants depuis fin décembre, sans ministre en titre capable de résister aux impulsions d’un président comme M. Trump, alors que la première puissance militaire mondiale est engagée dans deux guerres, en Syrie et en Afghanistan, et en plein bras de fer avec Téhéran.
Sa nomination a été approuvée par 90 voix contre 8, plusieurs candidats démocrates à la présidentielle de 2020 s’y étant opposés, notamment Elizabeth Warren, Amy Klobuchar et Kamala Harris.
De nombreux démocrates ont cependant choisi de mettre fin à sept mois de hiatus à la tête du Pentagone en approuvant le choix de Mark Esper.
Décision urgente
« Il a la responsabilité particulière de conseiller un président qui n’a pas d’expérience en matière de sécurité nationale. Je pense que M. Esper sera à la hauteur », a ainsi tweeté le sénateur démocrate Dick Durbin. « Il a la confiance de notre président, la confiance de notre armée et la confiance du Congrès », a souligné l’influent sénateur républicain James Inhofe avant le vote.
Il s’agit d’un « candidat pleinement préparé » à assumer ses fonctions, avait souligné lundi Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat, soulignant l’urgence de doter la première armée du monde d’un ministre à part entière. « Le monde est plein de menaces graves envers nous, nos alliés et nos intérêts, notamment l’insistance de l’Iran à continuer de provoquer des tensions au Moyen-Orient », a-t-il ajouté.
Et Mark Esper connaît le Moyen-Orient : il a combattu en Irak lors de la guerre du Golfe en 1991. Il faisait partie de la célèbre 101e division aéroportée de l’armée américaine.
Proche de Pompeo
Il est en outre très proche du prochain chef d’état-major américain, le général Mark Milley, qui doit succéder fin septembre au général Joe Dunford. C’est aussi un proche du chef de la diplomatie Mike Pompeo, aux côtés duquel il a étudié à la prestigieuse académie militaire de West Point. Les deux hommes en ont été diplômés la même année, en 1986.
Le secrétaire d’Etat a félicité son ancien camarade sur Twitter, ajoutant que « la diplomatie et la défense sont essentielles à la politique étrangère des Etats-Unis et à la protection des intérêts américains ».
Sur le plan politique, il maîtrise les rouages du Congrès pour y avoir conseillé plusieurs sénateurs, notamment le républicain Chuck Hagel, devenu ensuite ministre de la défense. Mais ses liens avec l’industrie de la défense ont fait grincer certaines dents lors du processus de confirmation.
« Devoir, honneur et patrie »
La candidate démocrate à la présidentielle de 2020 Elizabeth Warren lui a notamment reproché ses liens avec le groupe de défense Raytheon, où il était cadre dirigeant depuis sept ans lorsque Donald Trump l’a choisi pour diriger l’armée de terre.
« A l’âge de 18 ans, je suis allé à West Point et j’ai prêté le serment de défendre la Constitution, j’ai embrassé des valeurs appelées devoir, honneur et patrie », lui a-t-il répliqué. « Et depuis, j’ai toujours vécu ma vie en respectant ces valeurs. J’ai fait la guerre pour ce pays ».
Les premières décisions du nouveau ministre de la défense seront surveillées de près, notamment sur des sujets sensibles comme le déploiement depuis plusieurs mois de troupes à la frontière mexicaine, que de nombreux responsables du Pentagone considèrent en privé comme un gaspillage de ressources.