Franky Zapata, l’« homme volant », secouru après être tombé dans la Manche
Franky Zapata, l’« homme volant », secouru après être tombé dans la Manche
Le Monde.fr avec AFP
L’homme au « Flyboard », qui avait fait sensation lors du défilé du 14-Juillet, s’était élancé quelques minutes auparavant de Sangatte pour rejoindre Douvres.
Le décollage de Franky Zapata depuis Sangatte, le 25 juillet 2019. / Michel Spingler / AP
L’exploit n’aura pas lieu aujourd’hui. Franky Zapata, « l’homme volant », parti jeudi 25 juillet de Sangatte (Pas-de-Calais) pour rejoindre Douvres sur son « Flyboard » est tombé dans la mer. Il tentait de réitérer 110 ans après l’exploit de Louis Blériot, premier aviateur à avoir franchi le détroit par les airs.
Pour effectuer cette traversée d’environ 35 km, M. Zapata devait ravitailler sa machine volante en kérosène côté anglais, à 18 km des côtes françaises. Selon une conversation radio entendue par une journaliste de l’AFP, il a été secouru « conscient ».
Champion d’Europe et du monde de jet-ski, ce Marseillais de 40 ans avait estimé avoir besoin d’une vingtaine de minutes pour franchir le détroit et rallier les côtes anglaises dans la zone de St Margaret’s Bay, en volant à environ 140 km/h et à 15 ou 20 mètres au-dessus de l’eau.
Franky Zapata, lors d’un vol d’essai, le 24 juillet 2019 à l’aérodrome de Saint-Inglevert près de Calais. / Michel Spingler / AP
Equipe de tournage
Vers 9 h 05, debout sur une sorte de plateforme, les pieds solidement pris comme dans des chaussures de snowboard, il a décollé à la verticale, dans un vrombissement assourdissant, d’un parking proche de la plage de Sangatte-Blériot-Plage, devant plusieurs dizaines de curieux qui ont applaudi et une importante équipe de production.
Dans sa combinaison noir et rouge, le visage dissimulé derrière la visière de son casque noir, il a survolé la digue puis disparu en quelques secondes à l’horizon, au-dessus de la mer, se dirigeant grâce à un joystick tenu dans une main.
Entouré de son équipe, il a préalablement reconnu les lieux ; un couloir était interdit d’accès au public et à la presse, réservé à son équipe de tournage qui le filme notamment par hélicoptère.
Le « Flyboard », une machine volante autonome alimentée en kérosène stocké dans son sac à dos, est doté de cinq mini-turboréacteurs qui lui permettent de décoller et d’évoluer jusqu’à 190 km/h debout dans les airs, avec une autonomie d’une dizaine de minutes.
Pour cette traversée de la Manche, il aurait donc dû se ravitailler en route côté anglais, à 18 km des côtes françaises, en se posant sur un bateau pour changer de sac à dos. M. Zapata avait en effet dû revoir la logistique de son trajet, après « l’avis défavorable » émis début juillet par les autorités françaises qui arguaient notamment de la « dangerosité » de la zone et son trafic particulièrement dense. Elles l’avaient finalement levé mardi soir après avoir obtenu de « nombreuses garanties » concernant la « sécurité ».
Franky Zapata le 14 juillet 2019, à Paris. / ALAIN JOCARD / AFP
Star du 14-Juillet
Le 14-Juillet, lors du défilé militaire sur les Champs-Elysées, Franky Zapata avait offert un spectacle futuriste : fusil en main, il avait volé à plusieurs dizaines de mètres du sol sur son invention, « 100 % développée en France » au Rove (Bouches-du-Rhône).
🇫🇷 #14Juillet L'arrivée du Flyboard pour ouvrir le défilé https://t.co/RXfHQAO2ay
— 20hFrance2 (@Le 20Heures France2)
En 2017 pourtant, il avait été immobilisé au sol plusieurs mois par les autorités, faute d’avoir respecté les règles de sécurité et d’homologation. Depuis, son invention a été exhibée fin 2018 au Forum innovation défense de Paris : lors d’une démonstration des forces spéciales, le Flyboard Air avait été utilisé comme plateforme pour un tireur d’élite positionné en appui de commandos partis à l’assaut depuis des embarcations sur la Seine. Cette plateforme volante propulsée par cinq réacteurs à jet d’air intéresse les forces spéciales françaises, qui y voient du « potentiel pour un emploi dans les opérations spéciales en zone urbaine ».
En 1909, l’exploit de Louis Blériot avait jeté les bases de l’aéronautique moderne. Parti à 4 h 41 le 25 juillet du hameau des Baraques à Sangatte (rebaptisé Blériot-Plage en 1936), il avait posé son aéroplane à 5 h 18 dans une prairie, au pied du château-fort qui domine le port de Douvres, après avoir couvert en 37 minutes 43 km à la vitesse moyenne de 65 km/h.