A Alger, le 20 juillet. / RYAD KRAMDI / AFP

Après cinq mois de manifestations et de crise politique majeure, le pouvoir algérien fait un premier pas – verbal – en direction de la contestation. Recevant, jeudi 25 juillet, six membres d’une commission qu’il a chargée d’une médiation entre les autorités et les forces de l’opposition politique et de la société civile, le président de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, s’est dit ouvert à mettre en œuvre les mesures d’apaisement que demandait l’opposition en préalable à toute discussion.

Selon un communiqué publié par Algérie Presse Service (APS), l’agence de presse officielle, Abdelkader Bensalah se serait dit « disposé » à :

« Inviter la justice à examiner la possibilité d’élargissement des personnes dont l’interpellation s’est faite en lien avec le déroulement des marches populaires ;
- Envisager l’allégement du dispositif mis en place par les services de sécurité, pour garantir la liberté de circulation dès lors que cet allégement ne porte pas préjudice à l’impératif de préserver l’ordre public (…)
- A faire prendre les mesures de nature à faciliter l’accès aux médias publics à toutes les opinions, à travers l’organisation de débats contradictoires et ouverts à toutes les expressions politiques, sans exclusive. »

Gouvernement contesté

Dans l’attente d’effets concrets qui suivront, ou pas, cette annonce, Abdelkader Bensalah répond là à une partie des demandes formulées par différents blocs de l’opposition algérienne, qui exigeaient des gestes de la part du pouvoir avant toute discussion. A commencer par la libération des détenus d’opinion, au nombre d’une quarantaine depuis le début du soulèvement, en février.

Jeudi, la présidence algérienne avait annoncé la constitution d’un « panel de personnalités, appelé à mener le dialogue national inclusif » avec l’opposition regroupant des juristes, des universitaires et des syndicalistes. Interrogée par le média Tout sur l’Algérie (TSA), la constitutionnaliste Fatiha Benabou a déclaré que le panel avait également demandé de « satisfaire les revendications du peuple en ce qui concerne le départ du gouvernement Bedoui ».

Nommé par l’ancien président, Abdelaziz Bouteflika, deux jours avant sa démission, début avril, le gouvernement du premier ministre Noureddine Bedoui est contesté chaque semaine dans les rues par les manifestants, qui le qualifient de « gouvernement de la honte ».