Des agriculteurs anti-CETA ont muré, jeudi 1er août dans la soirée, la permanence de la députée LRM Corinne Vignon à Toulouse, avant de déverser du fumier devant la permanence d’une autre députée LRM, Monique Iborra, à Tournefeuille puis devant la préfecture de Haute-Garonne.

Souhaitant condamner les parlementaires ayant voté en faveur de la ratification du traité de libre-échange entre l’Europe et le Canada (CETA), les agriculteurs en colère ont posé vers minuit une dizaine de parpaings, condamnant la porte d’entrée à la permanence de Corinne Vignon. Le président de la FDSEA 31, Christian Mazas a justifié devant la permanence murée une « action symbolique » et sans casse. « On est juste venus lui dire que si elle est sourde à nos appels, on ne voit pas l’intérêt à ce qu’elle continue à être députée », a déclaré à l’AFP le syndicaliste.

Action sans casse

Puis, les agriculteurs ont déversé deux tonnes de fumier devant la permanence à Tournefeuille (ouest de Toulouse) de la députée Monique Iborra, cette dernière a fustigé sur son compte Twitter une action « irresponsable » et « inutile ».

L’ancienne socialiste a également publié un communiqué pour justifier son vote en faveur du CETA, un traité qui va permettre, selon elle, « de faire connaître et d’imposer à nos partenaires d’outre-Atlantique notre niveau d’exigence en matière de climat, d’environnement et de précaution sanitaire ».

De son côté, l’eurodéputé de la majorité Jérémy Decerle, ancien président des Jeunes Agriculteurs, a apporté, vendredi, « son soutien aux agriculteurs qui ont besoin de réponses et d’attention » après leurs nouvelles actions contre des permanences LRM, même s’il « condamne ce qui dégrade » et « appelle au calme ». Il y a une « grosse différence entre le vandalisme et puis quelques tonnes de fumier, des parpaings qui sont juste empilés devant une permanence », a-t-il ajouté. « Je soutiens les agriculteurs qui ont besoin de réponses et d’attention », a-t-il ajouté, jugeant « normal » que les agriculteurs se soient « manifestés » et « qu’on demande un certain nombre de réponses ».

Rencontre avortée

La Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles avait convié lundi les dix députés de Haute-Garonne (en majorité LRM) pour une discussion autour du traité controversé, récemment ratifié à l’Assemblée nationale. « Mais aucun n’est venu, alors à notre tour d’aller vers eux », a lancé M. Mazas.

« Cette députée, comme d’autres, a voté pour le Ceta, alors qu’il y a quelques mois, lors des Etats généraux de l’alimentation, ce sont les mêmes qui ont voté pour que la France élève son niveau de production, et que les agriculteurs français aient des normes à respecter plus exigeantes que dans d’autres pays », a-t-il déploré.

Concurrence déloyale et risque sanitaire

Le CETA, qui supprime notamment les droits de douane sur 98 % des produits échangés entre les deux zones, est vivement critiqué en France par les agriculteurs et des ONG. Ils craignent une concurrence déloyale ainsi qu’un risque sanitaire pour l’Europe, le Canada n’ayant pas des normes aussi strictes que le Vieux Continent en matière notamment de viandes.

« On soupçonne aussi que les céréales qui vont arriver en France soient séchées avec du glyphosate. Et contrairement à ce qui est dit, la France n’a pas les moyens de contrôler toutes les marchandises qui entrent sur son territoire », a dit le président de la FDSEA 31. « Le texte doit maintenant être soumis au Sénat et on espère qu’il reviendra à l’Assemblée nationale en deuxième lecture », a ajouté M. Mazas, appelant les députés à « bien se renseigner et à vraiment prendre la mesure de leur vote ».

Cibles d’insultes ou de violences au plus fort de la crise des « gilets jaunes » cet hiver, les parlementaires sont de nouveau visés depuis plusieurs jours, en particulier les députés LRM ayant voté le 23 juillet en faveur de la ratification du CETA. Une quinzaine de permanences, notamment celle du délégué général de LRM Stanislas Guerini à Paris, ont été murées, taguées ou vandalisées, suscitant une condamnation de la classe politique.

CETA : que change la ratification ?
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