L’Arabie Saoudite autorise les femmes à voyager sans l’accord d’un « tuteur »
L’Arabie Saoudite autorise les femmes à voyager sans l’accord d’un « tuteur »
Le Monde.fr avec AFP
C’est la dernière d’une série de réformes voulues par le prince Mohammed Ben Salman. Une avancée qui cache toutefois un système de domination masculine toujours très ancré.
Des passagers à l’aéroport de Djeddah, en Arabie Saoudite, le 14 juillet 2018. / AMER HILABI / AFP
Les femmes saoudiennes vont être autorisées à obtenir un passeport et à voyager à l’étranger sans devoir obtenir l’accord préalable d’un « tuteur » de sexe masculin, a annoncé jeudi le gouvernement à Riyad. « Un passeport sera délivré à tout ressortissant saoudien qui en fera la demande », a indiqué le quotidien gouvernemental Umm Al Qura, citant une décision de l’exécutif.
Selon le quotidien proche du gouvernement Okaz et d’autres médias citant les autorités, cette nouvelle règle s’appliquera aux femmes âgées de 21 ans ou plus.
Jusqu’à présent, les femmes en Arabie Saoudite doivent obtenir la permission d’un de leurs « tuteurs » – mari, père ou autre parent de sexe masculin – pour se marier, renouveler leur passeport ou sortir du pays. Ce système, qui revient à assimiler les Saoudiennes à des mineures toute leur vie durant, est dénoncé depuis des dizaines d’années par les organisations de défense des droits des femmes.
Un système loin d’être aboli
La décision d’autoriser les Saoudiennes à voyager librement à l’étranger est la dernière en date d’une série de mesures de libéralisation menées par le prince héritier Mohammed Ben Salman, alias MBS, qui a la haute main sur toutes les affaires du royaume ultraconservateur.
La plus emblématique de ces réformes a été celle permettant aux femmes de conduire une voiture depuis juin 2018. Les femmes ont également été autorisées récemment à assister à des matches de football et à accéder à des emplois autrefois strictement réservés aux hommes.
Si elles ont transformé la vie de nombreuses Saoudiennes, ces réformes sont toutefois insuffisantes aux yeux des critiques, qui soulignent que le système de « tutorat » en vertu duquel les hommes ont pratiquement tous les pouvoirs sur leurs parents de sexe féminin est encore loin d’être aboli.