Tanzanie : au moins 60 morts dans l’explosion d’un camion-citerne accidenté
Tanzanie : au moins 60 morts dans l’explosion d’un camion-citerne accidenté
Le Monde.fr avec AFP
Les victimes sont principalement des conducteurs de moto-taxis et des habitants qui étaient accourus pour récupérer du carburant qui s’échappait de la citerne.
L’explosion du camion-citerne a eu lieu samedi 10 août au matin dans la commune de Msamvu, dans l’immédiate périphérie de Morogoro, en Tanzanie. / Stringer / AP
Au moins 60 personnes ont été tuées et plus de 70 ont été blessées dans l’explosion samedi 10 août matin d’un camion-citerne accidenté dont elles tentaient de siphonner le carburant, en périphérie de Morogoro, en Tanzanie.
Les faits se sont déroulés vers 8 h 30 (7 h 30 en France) sur la commune de Msamvu, dans l’immédiate périphérie de Morogoro, à près de 200 km à l’ouest de Dar es Salaam. Peu après qu’un camion se soit renversé sur la chaussée, des conducteurs de « boda-boda » – des moto-taxis – ont afflué sur les lieux pour tenter de récupérer du carburant, tout comme des habitants de la commune. Une vidéo postée sur les réseaux sociaux montre ainsi des dizaines de badauds affairés à tenter de récupérer du carburant dans des jerricanes jaunes :
Sixty people confirmed dead, 70 others seriously wounded after an overturned petroleum truck burst into flames at M… https://t.co/Rp3V0mIzxg
— Sang_254 (@Augustine Sang 🇰🇪)
Puis l’essence s’est embrasée. Sur une vidéo tournée peu après, on aperçoit des corps de victimes carbonisés, comme pétrifiés, côtoyant au sol des effets personnels et autres carcasses de moto.
Le gouverneur de Morogoro, Stephen Kebwe, a précisé que tous les médecins de l’hôpital régional avaient été mobilisés et que des patients dont l’état n’inspire pas d’inquiétude avaient été transférés dans d’autres établissements pour faire de la place aux victimes de l’explosion.
« Une personne tentait d’arracher la batterie »
M. Kebwe a expliqué qu’au moment où les habitants remplissaient leurs bidons de carburant, un homme a tenté d’arracher la batterie du camion, provoquant ainsi la déflagration, ce que des témoins ont semblé corroborer.
« Nous sommes arrivés sur les lieux, avec deux voisins, juste après que le camion se soit renversé. Pendant que certains bons samaritains essayaient de sortir du camion le chauffeur et les deux autres personnes qui se trouvaient à bord, d’autres se bousculaient, munis essentiellement de jerricanes, pour recueillir de l’essence », a rapporté January Michael, un jeune enseignant interviewé par l’Agence France-Presse (AFP).
« Au même moment, une personne tentait d’arracher la batterie du véhicule. Nous avons averti que le camion pouvait exploser à tout moment mais personne n’a voulu nous entendre. Nous avons alors poursuivi notre chemin. Mais à peine avions tourné les talons que nous avons entendu l’explosion », a ajouté ce témoin.
« Arrêtons cette habitude, je vous en prie »
Le drame a suscité une vive émotion dans le pays, artistes, sportifs, politiques et de nombreux citoyens multipliant les messages de compassion aux victimes. « J’adresse mes condoléances à tous ceux qui sont affectés, en particulier aux familles des victimes et je prie Dieu pour que ces victimes reposent en paix et que les blessés se rétablissent vite », a réagi le président tanzanien, John Magufuli. Le chef de l’Etat s’est aussi dit « très choqué que les gens se ruent sur des véhicules accidentés pour piller leur cargaison ».
« Il y a des véhicules qui transportent du fuel dangereux comme dans ce cas, à Morogoro. Il y en a d’autres qui transportent des produits chimiques toxiques ou encore des explosifs. Arrêtons cette habitude, je vous en prie », a plaidé M. Magufuli.
Ce type de tragédie n’est pas rare sur le continent. Début juillet, dans le centre du Nigeria, au moins 45 personnes étaient mortes et plus de 100 blessées lors du pillage par la population d’un camion-citerne accidenté qui avait explosé. Début mai, une catastrophe similaire a tué près de 80 personnes au Niger.
Parmi les plus meurtrières de ces catastrophes figurent celle de Maridi, au Soudan du Sud, qui avait fait 203 morts en 2015 et celle de Sange dans l’est de la République démocratique du Congo où 292 personnes avaient été tuées en 2010.