Des dizaines de blessés après des heurts sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem
Des dizaines de blessés après des heurts sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem
Le Monde.fr avec AFP
La concomitance de deux fêtes religieuses, juive et musulmane a provoqué un regain de tensions dans la vieille ville de Jérusalem entre Palestiniens et policiers israéliens.
Affrontements entre Palestiniens et policiers israéliens devant la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, dimanche 11 août. / Mahmoud Illean / AP
Des affrontements entre policiers israéliens et fidèles sur l’esplanade des Mosquées, haut lieu de tension à Jérusalem, ont fait des dizaines de blessés palestiniens dimanche 11 août, jour d’importantes commémorations juive et musulmane.
Au premier jour de l’Aïd-el-Kébir et après la prière à la mosquée Al-Aqsa, située au milieu de l’esplanade, des centaines de Palestiniens ont commencé à scander en arabe « Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifions pour toi Al-Aqsa ».
Des accrochages ont éclaté et les forces de l’ordre, qui contrôlent l’accès de l’esplanade, ont utilisé des grenades assourdissantes pour tenter de disperser des manifestants qui ont tiré des projectiles, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) sur place.
« C’est notre mosquée, c’est notre Aïd, mais l’armée est arrivée et elle a commencé à frapper et à lancer des grenades assourdissantes », a déclaré à l’AFP Assia Abou Snineh, 32 ans.
Le Croissant-Rouge palestinien a fait état 61 blessés, dont une quinzaine ont été hospitalisés. La police a dénombré quatre blessés dans ses rangs et fait état de sept arrestations.
Face aux tensions, la police a dans un premier temps bloqué l’accès du site aux juifs qui commémorent une importante fête religieuse, Ticha Beav. Mais, après des critiques, elle a rouvert la seule porte d’entrée que les juifs peuvent emprunter pour accéder au site. Les juifs sont autorisés à s’y rendre pendant des heures précises mais pas à y prier afin d’éviter d’attiser les tensions.
« Il est à nous »
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré avoir décidé à l’avance d’autoriser les juifs à y entrer « en consultation avec les corps de sécurité ». « La question n’était pas de savoir s’ils pourraient y aller mais de trouver la meilleure manière de le faire pour (assurer) la sécurité publique et c’est ce que nous avons fait », a-t-il déclaré dans une vidéo postée sur Whatsapp.
La situation s’est néanmoins tendue lorsque des centaines de juifs ont pu pénétrer dans le périmètre de l’esplanade. Les musulmans croient que le site « est à eux mais il est à nous ! », a affirmé une jeune femme juive, Sophia Gehula Cohen, entrée sur le site. « Ça fait 2 000 ans qu’on attend pour être ici et le jour (anniversaire) où le Temple est détruit, on nous dit de ne pas entrer, c’est grave ! »
Au cœur du conflit israélo-palestinien, l’esplanade des Mosquées se trouve à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville occupé depuis 1967 par Israël, qui l’a ensuite annexé sans que cela ne soit reconnu par la communauté internationale.
Condamnation de l’Arabie saoudite
Dans un communiqué, Riyad a condamné « la prise d’assaut de la mosquée Al-Aqsa et l’attaque de fidèles au premier jour de l’Aïd al-Adha (autre nom de l’Aïd-el-Kébir) » par « les forces d’occupation israéliennes », selon l’agence de presse officielle saoudienne SPA.
L’esplanade est le troisième lieu saint de l’islam et le site le plus sacré pour les juifs car considéré comme le lieu de leurs deux Temples, dont Ticha Beav commémore la destruction, par les Babyloniens en 587 avant J.-C. puis par les Romains en l’an 70.
Si l’entrée de l’esplanade des Mosquées est contrôlée par Israël, l’administration des lieux demeure la prérogative du Waqf, une fondation musulmane sous contrôle jordanien. La Jordanie et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont dénoncé « l’agression » contre l’esplanade des Mosquées par les forces israéliennes, aussi blâmées par le secrétaire général de la Ligue arabe qui a appelé la communauté internationale à calmer le jeu pour éviter « une bataille religieuse dans la ville sainte de Jérusalem ».
« Cela montre la dimension religieuse du conflit » israélo-palestinien, a réagi, de son côté, Ismaïl Haniyeh, chef du mouvement islamiste palestinien Hamas qui contrôle la bande de Gaza et qui est l’ennemi d’Israël.