Le président russe, Vladimir Poutine, le 12 août. / SPUTNIK / REUTERS

La Russie est-elle vraiment en passe de mettre au point un missile à propulsion nucléaire à la « portée illimitée » ? C’est, en tout cas, ce qu’a sous-entendu l’agence nucléaire russe, Rosatom, lundi 12 août, en indiquant que les cinq spécialistes tués dans l’explosion jeudi dernier travaillaient sur de « nouveaux armements ». L’incident a eu lieu sur une base de tir de missiles nucléaires dans le Grand Nord. Rosatom a assuré que « le travail sur les nouveaux types d’armes (…) sera, dans tous les cas, poursuivi jusqu’au bout ».

Des experts américains ont estimé que l’accident, dont les autorités n’ont reconnu que samedi le caractère nucléaire, pourrait être lié aux tests du missile de croisière Bourevestnik. Il s’agit de l’une des nouvelles armes « invincibles » vantées par le président Vladimir Poutine en début d’année : elles auraient une « portée illimitée » et seraient capables de surmonter quasiment tous les systèmes d’interception. Selon Rosatom, les spécialistes tués fournissaient de l’ingénierie et du support technique pour « la source d’énergie isotopique » du moteur du missile à l’origine de l’explosion, qui s’est produite sur une « plate-forme maritime » et qui a jeté plusieurs employés à la mer.

« Pas de contamination radioactive »

Immédiatement après l’accident, le ministère de la défense avait seulement déclaré que les faits s’étaient produits au cours de l’essai d’un « moteur-fusée à ergols liquides », mais n’avait pas décrit l’accident comme impliquant du combustible nucléaire. Il avait alors assuré qu’il « n’y a pas eu de contamination radioactive », mais la mairie d’une ville située près de la base avait déclaré avoir « enregistré une brève hausse de la radioactivité » avant de retirer sa publication.

La base, ouverte en 1954 et spécialisée dans les essais de missiles de la flotte russe, notamment des missiles balistiques, est située près du village de Nionoksak, dans le Grand Nord. La ville fermée de Sarov, qui accueille le principal centre de recherches nucléaires russe, a décrété dimanche une journée de deuil et les cinq spécialistes tués seront décorés à titre posthume après leurs funérailles, lundi. Connu sous le nom de code « Arzamas-16 » durant la guerre froide, le centre de Sarov est à l’origine des premières armes nucléaires de l’Union soviétique.