Une femme affectée par des gaz lacrymogènes, à Hongkong, le 14 août. / TYRONE SIU / REUTERS

Alors que les manifestations pro-démocratie se poursuivent à Hongkong, une vingtaine de députés La République en marche (LRM) menés par Jean-François Cesarini, élu du Vaucluse et président du groupe d’amitié France-Taïwan, ont signé le 8 août une lettre ouverte pour dénoncer le « silence assourdissant » des responsables politiques français. D’abord adressé aux dirigeants chinois et hongkongais, mais aussi aux manifestants, ce texte de trois pages, qui appelle au dialogue, critique en creux la passivité du gouvernement français.

Mercredi 14 août, la France a finalement appelé « toutes les parties, en particulier les autorités hongkongaises, à renouer le fil du dialogue afin de trouver une issue pacifique à cette crise et de mettre fin à l’escalade de la violence ». « Les manifestations à Hongkong se poursuivent dans un climat de plus en plus tendu. Cette situation fait l’objet d’un suivi très attentif de la part de la France, en lien avec ses partenaires, notamment européens », indique dans un communiqué le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui souligne l’attachement de la France aux avantages du statut d’autonomie du territoire : « L’Etat de droit, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ainsi que l’autonomie du système judiciaire. »

Une réponse bienvenue mais « tardive », selon l’instigateur de la lettre ouverte, qui s’étonne qu’« aucun mot sur des événements aussi importants » n’ait été prononcé jusqu’alors en France. Jean-François Cesarini précise qu’il ne s’agissait pas d’être « moralisateur » ni de « faire de l’ingérence ». « Je m’adresse surtout à nos oppositions, qui ont sans doute plus de marge de manœuvre que le gouvernement lui-même », explique le député du Vaucluse, qui dit entendre que le gouvernement français souhaite rester prudent pour ne pas froisser un partenaire économique privilégié.

Cependant, ajoute M. Cesarini, ce qui fait « la force de notre pays, c’est la séparation des pouvoirs, et lorsque l’exécutif est un peu empêché, alors le législatif, lui, peut parler ». Le député LRM se dit convaincu qu’il est nécessaire d’élever la voix « car ne pas le faire peut laisser penser à la Chine qu’elle est dans son droit et qu’elle a carte blanche ». L’élu poursuit en expliquant que « plus le gouvernement chinois verra que la communauté internationale est mobilisée, plus il fera attention avant d’envoyer les chars ».

Pas la « bonne manière »

Un nom ne figure pas dans la liste des signataires de cette lettre ouverte, celui de la députée LRM des Français d’Asie, d’Océanie et d’Europe Orientale, Anne Genetet. Pour Jean-François Cesarini, l’élue n’a « sans doute pas, en raison de ses liens avec la Chine, les mêmes réalités de terrain que celle des signataires ». Mais il n’exclut pas que ce retrait puisse être perçu comme une « forme de lâcheté ou de faiblesse ». Mme Genetet, qui est membre du groupe d’amitié France-Chine, explique ne pas avoir aimé le ton « donneur de leçon » de la lettre. Elle juge en outre qu’il ne s’agit pas de la « bonne manière de parler à la Chine ».

Le Parti socialiste s’est lui aussi étonné du « silence de la France » et a appelé mercredi à la « retenue et au dialogue », exprimant « son soutien aux manifestants de Hongkong dont les revendications démocratiques sont justes, et les craintes d’une dégradation de leurs libertés justifiées ».

La lettre des députés LRM n’a obtenu aucune réponse. « Ni du président Macron, ni du gouvernement, ni du premier ministre, ni du quai d’Orsay, ni de personne », regrette Jean-François Cesarini.

Hongkong : après le chaos à l’aéroport, la menace d’une intervention militaire
Durée : 02:32

Minh Dréan