En Espagne, la possibilité de former un gouvernement est entre les mains de Podemos
En Espagne, la possibilité de former un gouvernement est entre les mains de Podemos
Par Sandrine Morel (Madrid, correspondance)
Sauf surprise, les militants de Podemos devraient refuser leur soutien à un gouvernement basé sur l’accord entre les socialistes et les centristes.
Pablo Iglesias, leader de Podemos, pendant une conférence de presse au palais de la Généralité de Catalogne, à Barcelone, le 8 avril 2016. | MANU FERNANDEZ / AP
Les résultats du vote des militants de Podemos, appelés à se prononcer pour ou contre l’investiture d’un gouvernement socialiste, seront connus lundi 18 avril à midi.
Il ne reste que peu d’espoirs qu’un gouvernement soit formé en Espagne avant le 2 mai, date limite avant la dissolution des assemblées et la convocation de nouvelles élections législatives.
Depuis celles du 20 décembre 2015, qui ont accouché d’un Parlement très fragmenté avec l’irruption de deux partis forts, Podemos, à la gauche du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), et Ciudadanos, au centre, le pays vit un blocage politique. Le chef du gouvernement en fonction, Mariano Rajoy, du Parti populaire (PP, droite), a rapidement abandonné l’idée de se présenter au vote d’investiture, faute de soutiens. Quant aux socialistes, ils ont échoué à obtenir la confiance du Parlement le 4 mars.
Pablo Iglesias a donné aux militants le dernier mot
Les dernières cartes se trouvent entre les mains des militants de Podemos. Entre le 14 et le 16 avril, les 400 000 inscrits au parti étaient appelés à voter pour ou contre « un gouvernement basé sur le pacte Rivera-Sanchez ? », en référence à l’accord d’investiture, comportant 200 mesures sociales, économiques et politiques, signé entre le secrétaire général socialiste, Pedro Sanchez, et le président de Ciudadanos, Albert Rivera.
Cet accord qui dispose du soutien de 131 députés sur 350 a besoin de l’appui de Podemos. Or le parti de la gauche radicale, qui défend un gouvernement de coalition avec le PSOE, soutenu par les indépendantistes catalans en échange de la tenue d’un référendum d’autodétermination, s’y est opposé.
Mais pour ne pas être tenu responsable du blocage et de la tenue de nouvelles élections, le secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias, a donné aux militants le dernier mot.
Deux grandes lignes s’opposent
Tout porte à croire que les inscrits suivront les consignes de la direction du parti. A moins que la forte participation n’entraîne des surprises. Près de 150 000 personnes ont voté, dix fois plus que lors du dernier vote, en novembre 2015, qui portait sur le programme électoral de Podemos.
Parmi les votants, deux grandes lignes s’opposent. D’un côté, les « pragmatiques » sont prêts à soutenir le pacte PSOE-Ciudadanos, afin d’en finir au plus vite avec le gouvernement de Mariano Rajoy et commencer à mettre en place des mesures économiques et sociales de gauche, même imparfaites.
De l’autre côté, les partisans d’une ligne dure considèrent qu’il vaut mieux aller à de nouvelles élections plutôt que soutenir un programme qui n’est pas celui de Podemos. Ces derniers ont l’espoir qu’en cas de répétition électorale, une coalition serait scellée entre Podemos et les écolo-communistes de la Gauche unie (IU – Izquierda Unida, en espagnol), qui pourrait leur permettre de devancer les socialistes et obtenir une majorité de gauche plus claire. Et ils sont prêts, pour cela, à prendre le risque de voir le PP et Ciudadanos, annoncé en forte hausse dans tous les sondages, obtenir à eux deux la majorité absolue au Parlement.