Des milliers de documents d’une loge maçonnique publiés sur le Web après un piratage
Des milliers de documents d’une loge maçonnique publiés sur le Web après un piratage
Par Martin Untersinger
Un logiciel espion a été retrouvé dans le système informatique de la Grande Loge de France.
La librairie de la Grande Loge de France, en 2010. | THOMAS SAMSON/AFP
La Grande Loge de France, une des principales loges de francs-maçons français, a déposé vendredi 15 avril une plainte auprès du parquet de Paris à la suite de la fuite sur le Web de plusieurs milliers de documents internes. La plainte a été déposée notamment pour des chefs d’accusation de piratage informatique, d’extraction de données et de divulgation de données à caractère personnel.
Le dépôt de la plainte, révélé par L’Express, a été confirmé au Monde par une source proche du dossier. L’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC), le service de police spécialisé dans la cybercriminalité, a été saisi par le parquet de Paris. Sollicitée, la Grande Loge de France n’a pas souhaité s’exprimer à ce sujet.
Mode opératoire flou
Les documents ont fait surface le 10 avril sur un site Web sous l’intitulé « Franc-maçonnerie papers ». Le site affirme qu’il s’agit de la « plus grosse divulgation de l’histoire de France concernant » la franc-maçonnerie et promet de « vraies révélations sur le gouvernement occulte qui prône le nouvel ordre mondial ».
Comment ces documents ont-ils été obtenus ? Le mode opératoire reste flou à ce stade de l’enquête, mais un logiciel espion, qui a servi à la sortie des documents vers un espace de stockage en ligne, a été retrouvé dans le système informatique de la Grande Loge de France.
« Pour la sécurité des personnes impliquées dans cette fuite, je ne peux évidemment pas vous dire comment nous nous sommes procuré ces documents », se contente d’écrire le tenancier du site sur lequel ils apparaissent. Ce dernier n’a pas répondu à une demande d’entretien.
La fuite représente plus de 6 gigaoctets, soit plus de 6 000 documents, que Le Monde a pu consulter. Il s’agit de comptes rendus de réunions – notamment ceux du conseil fédéral –, de correspondances internes, de documents comptables, de magazines édités par la Grande Loge de France ou encore de demandes d’adhésion à des loges – avec CV détaillés, lettres de motivation, extraits de casiers judiciaires et copies de cartes d’identité.
Si la liste de ses plus de 30 000 membres ne semble pas figurer dans la fuite, des noms sont évoqués au gré des documents. Certains fichiers datent d’avril 2016, ce qui suggère un piratage récent.