Trente ans après le double meurtre de Montigny-lès-Metz, Henri Leclaire renvoyé aux assises
Trente ans après le double meurtre de Montigny-lès-Metz, Henri Leclaire renvoyé aux assises
Le Monde.fr avec AFP
Son avocat a indiqué qu’il allait interjeter appel. Selon le résultat, le procès d’Henri Leclaire et de Francis Heaulme pourrait avoir lieu à l’automne.
Francis Heaulme partagera finalement le box des accusés avec Henri Leclaire. Trente ans après la mort de deux petits garçons à Montigny-lès-Metz, les juges d’instruction ont décidé mercredi 20 avril de renvoyer ce dernier devant les assises. L’avocat de M. Leclaire, Me Thomas Hellenbrand, a d’ores et déjà indiqué qu’il allait interjeter appel de cette décision après s’être entretenu avec son client.
Selon le résultat de cet appel, qui sera déposé jeudi, le procès des deux hommes pour le meurtre d’Alexandre Beckrich et Cyril Beining, deux garçonnets de 8 ans retrouvés le 28 septembre 1986 le crâne fracassé à coups de pierre, pourrait avoir lieu à l’automne.
Un témoignage fait basculer le procès
Henri Leclaire, un ex-manutentionnaire de 67 ans, est mis en examen et sous contrôle judiciaire depuis août 2014. Simple témoin au procès de l’ancien suspect numéro un, Francis Heaulme, il a basculé du côté des suspects à la suite du témoignage de dernière minute de Marie-Christine Blindauer, clerc d’avocat de 51 ans.
Alors qu’il lui livrait des courses en 2012, M. Leclaire aurait évoqué l’affaire de Montigny, avait-elle affirmé à la cour. « Il s’était ensuite mis à crier et gesticuler comme s’il se trouvait devant les gosses », puis il avait raconté les avoir attrapés, mais « répété qu’il ne les avait pas tués ». Ces déclarations avaient mis un terme au procès Heaulme et reposé la question de la culpabilité de ce manutentionnaire.
Dès 1986, M. Leclaire avait en effet raconté aux enquêteurs avoir pour habitude de houspiller les enfants qui traînaient autour du talus. Très vite, il avait surtout avoué le double meurtre, avant de revenir sur ses dires. Et de bénéficier d’un non-lieu.
Des aveux qui ne valent rien, selon son avocat. « Je dis depuis longtemps qu’il faut expurger le dossier de toutes ces pièces de procédures qui ont amené à la plus grosse erreur judiciaire du XXe siècle », a réagi Me Hellenbrand. Une allusion faite au premier accusé de cette affaire, Patrick Dils, innocenté après quinze années passées en prison.
Heaulme avait évoqué la présence de Leclaire
Le seul à n’avoir jamais rien avoué dans ce dossier reste Francis Heaulme, dont le sort est inchangé : il est toujours mis en examen et sera jugé, dans le même box que M. Leclaire.
Sa présence près de la scène du crime avait été tardivement attestée. Il avait fallu attendre la reconnaissance de l’innocence de M. Dils et la réouverture de l’enquête pour établir que le « routard du crime » était dans les parages le 28 septembre 1986.
Déjà condamné sept fois pour neuf meurtres, dont deux fois à la perpétuité, Francis Heaulme a pourtant toujours nié le meurtre de Montigny. Lors de son procès au printemps 2014, il avait même soutenu avoir aperçu Henri Leclaire en train de descendre le talus en courant, les vêtements ensanglantés.
Près de trente ans après, alors que la justice cherche encore le coupable du double meurtre d’Alexandre Beckrich et Cyril Beining, l’avocate de l’une des mères, Me Dominique Boh-Petit, espère une chose : que le procès des deux hommes n’ait pas lieu à la date anniversaire.