A Washington, Barack Obama poursuit sa tournée des dernières fois
A Washington, Barack Obama poursuit sa tournée des dernières fois
Par Gilles Paris (Washington, correspondant)
Le président américain participait samedi à son huitième et dernier dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche, devenu au fil des années un événement mondain de la capitale.
Le président américain Barack Obama lors du dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche, le 30 avril. | YURI GRIPAS / REUTERS
Barack Obama a bouclé la boucle samedi 30 avril en participant à son huitième et dernier dîner de l’association des correspondants de la Maison Blanche, devenu au fil des années un événement mondain de Washington. Comme le veut la coutume, il a rivalisé à distance avec l’humoriste chargé d’animer la soirée, Larry Wilmore, de la chaîne Comedy Central.
« L’année prochaine, quelqu’un d’autre sera exactement à ma place, et tout le monde se demande bien qui elle sera », a glissé le président, laissant entendre que son ancienne secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, avait de très bonnes choses de lui succéder face au favori républicain Donald Trump. Plus caustique, il a estimé que lorsque cette dernière tentait de s’adresser aux jeunes électeurs, elle avait l’aisance d’une vieille tante venant de s’inscrire sur Facebook. Dans une allusion à la virulence de la campagne des primaires émaillée d’injures côté républicain, M. Obama a fait mine de prendre sa part de responsabilité : « Il y a huit ans, j’avais dit que le temps était venu de changer la tonalité de la politique, rétrospectivement, j’aurais dû être plus précis ».
Décochant les traits d’humour préparés et sélectionné avec soin avec ses « plumes », M. Obama n’a épargné ni le rival de Mme Clinton, Bernie Sanders, présent à la soirée, ni la presse (« Chaque année, quelqu’un fait une blague sur Buzzfeed qui transforme le paysage médiatique et chaque année, le Washington Post rie un peu moins fort »), ni les candidats républicains. Il a fait mine de regretter l’absence du magnat de l’immobilier qu’il avait étrillé dans les mêmes circonstances, cinq ans plus tôt, quand ce dernier mettait en cause son lieu de naissance et donc la légalité de son élection à la présidence. « Certains disent qu’il manque trop d’expérience en politique étrangère pour être président mais pour être juste, il a passé beaucoup de temps avec des leaders du monde entier : Miss Suède, Miss Argentine, Miss Azerbaïdjan », a assuré M. Obama dans une allusion à l’organisation des concours de Miss Univers qui ont été l’une de ses activités par le passé.
« Obama out »
Comme de coutume, le président ne s’est pas épargné non plus, ironisant sur son avancée en âge. « Hillary Clinton s’était demandé [lors de la campagne de 2008] si je serais réveillé pour le coup de fil de 3 heures du matin », soit pour l’instant d’une décision présidentielle aussi déterminante qu’imprévue, « et bien je suis réveillé de toute façon parce que c’est l’heure où il faut que j’aille aux toilettes ». M. Obama a conclu sa performance par la formule « Obama out », accompagnée d’un « lâché de micro » emprunté à la gestuelle de l’univers du rap.
At his final White House correspondents’ dinner as president, Obama drops the mic https://t.co/4WCNDL600P https://t.co/zgJOCVXcnj
— washingtonpost (@Washington Post)
« Bienvenue à la soirée des Nègres », a lancé de son côté Larry Wilmore, qui est afro-américain. « Comme va le rapporter Fox News, deux voyous perturbent une soirée distinguée à Washington », a-t-il ironisé. L’année prochaine, ce sera « une réunion luxueuse payée par le Mexique » si M. Trump est élu, qui se fait fort d’obtenir la contribution du grand voisin des États-Unis pour la construction d’un mur sur la frontière, a-t-il poursuivi.
Il ne s’est pas montré ingrat, lui non plus, en évoquant les candidats à la présidentielle. Rebondissant sur la formule assassine de l’ancien « speaker » de la Chambre des représentants John Boehner, qui avait qualifié le sénateur du Texas, Ted Cruz, de « Lucifer en chair et en os », le comédien a ironisé sur la rumeur voulant que l’intéressé soit le véritable Tueur du Zodiaque, un tueur en série opérant en Californie il y a un demi-siècle et qui n’a jamais été identifié. « C’est absurde, a-t-il assuré, il y avait des personnes qui appréciaient vraiment » le Tueur du Zodiaque, alors que M. Cruz est détesté au Congrès, y compris parmi ses pairs républicains.