« Fuchi ni tatsu » (« Harmonium ») : Koji Fukada, un cinéaste en colère
« Fuchi ni tatsu » (« Harmonium ») : Koji Fukada, un cinéaste en colère
Par Mathieu Macheret
Le Japonais propose, avec son mélodrame qui fustige la culture du non-dit, le film le plus surprenant à ce jour de la section Un certain regard.
Harmonium est sans doute l’œuvre la plus surprenante qu’on ait vue, à ce stade de la sélection d’Un certain regard. Son jeune auteur, Koji Fukada, nous avait gratifiés du très bel Au revoir l’été (2014), fine étude de caractères qui montrait le Japon sous un jour critique. On le retrouve, toujours en colère, avec un mélodrame sec, heurté, des bifurcations duquel surgit un trouble profond.
Une famille vit tranquillement en banlieue, jusqu’au jour où un repris de justice, ami du père, s’invite dans l’enceinte du foyer. D’une politesse exemplaire, il gagne la confiance de chacun ; mais sa repentance cache la trace d’une sombre rancune, qui rejaillit bientôt dans son attitude.
Fukada fustige la culture du non-dit et du refoulement, par une puissante circulation de motifs (musicaux, spatiaux, gestuels) qui confronte ses personnages à la fermentation de secrets trop enfouis. Quelques ruptures de ton frôlant le passage en force ne suffisent pas à gâcher la somme remarquable de passages inspirés.
Film japonais de Koji Fukada avec Asano Tadanobu, Tsutsui Mariko, Furutachi Kanji, Taïga (1 h 58). Sur le Web : www.festival-cannes.com/fr/films/fuchi-ni-tatsu et www.vo-st.fr/distribution