A Cannes, pas de « shooting » pour le duo de « Loving »
A Cannes, pas de « shooting » pour le duo de « Loving »
Par Isabelle Regnier
Ruth Negga et Joel Edgerton, les acteurs du film de Jeff Nichols, ont annulé leur séance de photos prévue avec la presse.
On est une star ou on ne l’est pas. Trois heures avant de monter les marches pour présenter Loving, Ruth Negga a annulé la séance de photos prévue avec la presse. Epuisée par son voyage, « stressée » par la perspective du grand événement, elle ne pensait plus qu’à la sieste qu’elle allait faire avant la projection du soir.
Joel Edgerton a décliné lui aussi, en signe de solidarité, comme s’il fallait qu’il joue jusqu’au bout le rôle du mari protecteur et dévoué qu’il tient dans le film. Quelques jours plus tôt, on nous avait annoncé qu’à la demande de Ruth, il serait avec elle pour tous les entretiens.
Née d’une mère irlandaise et d’un père éthiopien, cette actrice shakespearienne, qui trouve avec Mildred Loving son premier grand rôle au cinéma, s’exprime d’une voix lasse, forgée par un bel accent londonien, mais ne dit pas grand-chose. Alors qu’elle semble bien placée pour un prix d’interprétation féminine, on aurait aimé l’entendre, par exemple, sur la polémique « Oscars So White » qui agita Hollywood cet hiver. La question, nous dit-elle, est trop sérieuse pour être abordée à la légère au cours d’une interview cannoise.
Faire évoluer les mentalités
Joel Edgerton a moins de prévention. Cet Australien, déjà vu dans Midnight Special, le précédent film de Jeff Nichols, parle de sa grand-mère, qui avait vu fondre ses préjugés à l’égard d’une vague d’immigrants fraîchement arrivée dans son voisinage en nouant une relation avec l’un d’entre eux. Il espère que Loving fera évoluer les mentalités.
Il met par ailleurs des mots sur la tendresse de Jeff Nichols vis-à-vis de ses acteurs : « C’est très fréquent pour un acteur de ne pas se sentir apprécié du réalisateur. Les cinéastes ont souvent peur des acteurs, peut-être parce qu’à Hollywood, ils sont, d’un certain point de vue, devenus plus importants qu’eux. Ils les voient comme un obstacle dans le processus de fabrication du film. Jeff, au contraire, vous fait sentir qu’il vous apprécie, qu’il a besoin de vous pour mettre en scène sa vision. Il semble heureux que vous soyez là. »