Près de 600 000 civils assiégés par les forces du régime ou des groupes armés en Syrie
Près de 600 000 civils assiégés par les forces du régime ou des groupes armés en Syrie
Le Monde.fr avec AFP
Leur nombre a augmenté de 75 000, a annoncé un haut-responsable des Nations unies. Le précédent bilan faisait état de 517 700 personnes affectées.
Le 23 mai, à Daraya, l’une des villes où a débuté l’opposition au régime de Bachar Al-Assad. Depuis fin 2012, elle est soumise à un siège du gouvernement. En dépit des appels de ses résidents, des Nations unies et d’organisations de défense des droits de l’Homme, Damas refuse d’y autoriser le passage de convois humanitaires. | FADI DIRANI / AFP
Le nombre de civils assiégés par les forces du régime ou divers groupes armés en Syrie a augmenté de 75 000 pour atteindre 592 700 personnes, a annoncé vendredi 27 mai le patron des opérations humanitaires au sein des Nations unies, Stephen O’Brien. Le précédent bilan faisait état de 517 700 personnes affectées. Or, depuis mars, d’autres sont prises au piège dans le quartier d’Al Wa’er à Homs, dans le centre du pays, que les forces régulières tentent de reprendre.
Dans le détail :
- 452 700 civils sont assiégés par l’armée syrienne, notamment dans la banlieue rurale de Damas.
- 110 000 sont assiégés par le groupe djihadiste Etat islamique (EI) à Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie.
- 20 000 par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida, et d’autres groupes à Foah et Kefraya dans la province d’Idleb.
- 10 000 par les forces gouvernementales et des groupes armés dans le camp palestinien de Yarmouk à Damas.
M. O’Brien a dénoncé des chiffres « choquants », qui « montrent la nette détérioration de la situation des civils, alors même qu’une cessation des hostilités est en place » dans le pays depuis fin février. « La punition que subissent les assiégés doit cesser immédiatement », a-t-il déclaré au Conseil de sécurité de l’ONU par vidéoconférence depuis Genève.
Piste des largages par avion
Le patron des opérations humanitaires a déploré que « des ingérences et des restrictions de la part des parties au conflit, et en premier lieu du gouvernement syrien, continuent d’empêcher une livraison efficace de l’aide ». Il a réaffirmé que si ces entraves ne sont pas levées et si les convois routiers d’aide ne peuvent pas atteindre les régions assiégées où la population est parfois affamée, l’ONU envisagera à partir du 1er juin des largages par avion. Le Programme alimentaire mondial l’a déjà fait depuis avril à Deir ez-Zor, en faveur de 100 000 civils.
« La gravité et l’ampleur des besoins impliquent que les Nations unies doivent envisager de telles options, mais seulement en dernier recours et sans oublier qu’il faudra obtenir l’accord du gouvernement syrien. »
M. O’Brien a affirmé que Damas n’avait autorisé l’ONU à secourir, en mai, que 14 localités difficiles d’accès, alors que l’organisation avait demandé des autorisations pour 35 localités, dont Alep et Al Wa’er.
L’ambassadeur syrien auprès des Nations unies, Bachar Jaafari, a réfuté ces chiffres. Selon ce dernier, le régime avait autorisé 19 convois humanitaires sur 26 demandés en mai, mais seuls trois convois avaient été effectivement envoyés sur place. « La question de l’accès humanitaire fait l’objet d’une manipulation », a-t-il fait valoir, jugeant que les chiffres cités par l’ONU « étaient éloignés de la réalité et se basaient sur des sources peu fiables ».
L’amélioration de l’accès humanitaire est une des conditions à remplir pour que des pourparlers de paix puissent redémarrer à Genève entre le régime et l’opposition syrienne sous l’égide de la communauté internationale. Le médiateur onusien Staffan de Mistura a annoncé jeudi qu’il n’envisageait pas une telle reprise avant deux ou trois semaines.
Comprendre la situation en Syrie en 6 minutes
Durée : 05:29
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Le Monde