Coupe Davis : gare aux Tchèques pour les Bleus de Noah
Coupe Davis : gare aux Tchèques pour les Bleus de Noah
Par Elisabeth Pineau
A partir d’aujourd’hui, l’équipe de France de tennis affronte la bande à Stepanek chez elle, à Trinec, pour une place dans le dernier carré de la compétition. Sans Gasquet ni Monfils mais avec Pouille.
Jo-Wilfried Tsonga, en avril 2014 contre l’Allemagne. | JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP
Trinec, ses aciéries, sa rivière Olza, ses collines verdoyantes et… sa Werk Arena. Du vendredi 15 au dimanche 17 juillet, cette petite ville à la frontière polonaise accueille le quart de finale de Coupe Davis entre la République tchèque et la France.
D’ordinaire utilisée pour le hockey sur glace, l’arène locale, d’une capacité de 5 000 places, abritera pour la première fois une compétition de tennis. Cette confrontation a beau être coincée au milieu d’un calendrier bien chargé – dans la foulée de Wimbledon et à quelques semaines de l’échéance olympique –, elle n’est pas prise à la légère par Yannick Noah et sa troupe, lancés dans la course au saladier d’argent.
Une équipe remaniée
Depuis mars et le premier tour en Guadeloupe, où la France s’était baladée (5-0) face à une équipe canadienne privée de son numéro un, Milos Raonic, les paramètres ne sont plus tout à fait les mêmes.
Au lendemain de la victoire à Baie-Mahault, Noah, de retour sur la chaise de capitaine dix-huit ans après sa dernière campagne, avait laissé entendre que le quatuor « Tsogamosi » (Joe-Wilfried Tsonga - Richard Gasquet - Gaël Monfils - Gilles Simon) avait de bonnes chances de devenir incontournable. « Je veux qu’ils verrouillent l’équipe », déclarait-il dans L’Equipe. Sincérité ou provocation ? Toujours est-il que les résultats des uns et les blessures des autres ont fait sauter le cadenas.
Exit Gasquet, qui s’est blessé (douleurs intercostales) en huitièmes de finale à Wimbledon, et Monfils, jugé trop court physiquement. Après un mois d’absence due à un mystérieux virus contracté juste avant Roland-Garros, « La Monf’» a pris la porte dès son premier match à Londres. Seuls Tsonga et Simon ont conservé leur place dans le groupe aux côtés de Nicolas Mahut, Pierre-Hugues Herbert et Lucas Pouille, les nouveaux entrants.
Première pour Pouille
A 22 ans, Pouille se voit logiquement récompensé pour ses résultats tangibles depuis le début de la saison. Il y a dix jours, sur le gazon londonien, le Nordiste se hissait pour la première fois de sa carrière en quarts de finale d’un tournoi du Grand Chelem. Le dernier palier franchi depuis son entrée dans le top 100 au printemps 2015.
Mais c’est depuis le tournoi de Miami, en mars, qu’il a véritablement pris une autre dimension, confirmant les espoirs placés en lui avec trois victoires sur des membres du top 10 (contre l’Espagnol David Ferrer à deux reprises, et contre Gasquet), une première finale sur le circuit (à Bucarest), une première demie en Masters 1000 (à Rome). Pouille était 91e du classement ATP à la mi-février, le voilà 21e. « C’était le moment de le sélectionner », a estimé Noah, qui le conseille par ailleurs, soulignant « sa progression constante depuis six mois. (…) Il a vraiment pris du coffre. »
Cette saison, la paire Mahut-Herbert a déjà conquis six trophées : Rotterdam, les Masters 1000 d’Indian Wells (photo), de Miami et de Monte-Carlo, le Queen’s et Wimbledon. | JULIAN FINNEY / AFP
Un double au sommet
« Ce double est notre meilleure équipe », assénait le capitaine de l’équipe de France au lendemain du premier tour, à propos de Tsonga-Gasquet. Et d’ajouter dans la foulée : « La barre est haute, mais si certains réussissent à gagner leur place, je n’hésiterai pas. »
Autant dire que la paire Mahut-Herbert l’a gagnée haut la main, avec les félicitations du jury, serait-on tenté de dire. Cette saison, ils ont déjà conquis six trophées : Rotterdam, les Masters 1000 d’Indian Wells, de Miami et de Monte-Carlo, le Queen’s et… Wimbledon. Leur deuxième titre du Grand Chelem après l’US Open en 2015.
« C’était une évidence, a justifié Noah. Ça fait deux, trois mois que je pense qu’ils sont aux portes de la Coupe Davis. Ils sont sélectionnés car je pense que c’est la meilleure équipe de double en France aujourd’hui. » Du monde, même. A Trinec, Mahut et Herbert étrenneront leur statut de premier et deuxième mondiaux.
Une formalité sans Berdych ?
La confrontation contre le binôme tchèque Tomas Berdych-Radek Stepanek – vainqueurs de la Coupe Davis en 2012 et 2013 – s’annonçait nettement plus corsée que le premier tour face à une équipe canadienne privée de deux de ses meilleurs éléments (Raonic et Daniel Nestor). Mais de duel, il n’y aura pas, Berdych ne figurant pas dans la liste des joueurs retenus par le sélectionneur, Jaroslav Navratil. L’absence du numéro un tchèque, qui a sorti Pouille en quarts de finale de Wimbledon, est forcément une bonne nouvelle pour l’équipe de France.
Avouez que le trublion Radek Stepanek n’est pas mauvais au 10 m haies. | MICHAL CIZEK / AFP
Le Tchèque le mieux classé ? Jiri Vesely, 50e à l’ATP. Lukas Rosol, Adam Pavlasek et Radek Stepanek occupent, eux, les 78e, 111e et 118e places mondiales. Pour autant, il serait présomptueux de sous-estimer ces adversaires, dont certains ont signé récemment des coups d’éclat.
Vesely, 23 ans, a éliminé le numéro un mondial, le Serbe Novak Djokovic, à Monte-Carlo, et l’Autrichien Dominic Thiem (9e), à Wimbledon. Le vétéran Stepanek, 37 ans et vingt-cinq rencontres de Coupe Davis à son actif, a été à deux points d’un exploit contre le Britannique Andy Murray à Roland-Garros, et son jeu à l’ancienne en décontenance plus d’un. Le Croate Marin Cilic (battu à Stuttgart) et l’Australien Nick Kyrgios (à qui il a pris un set à Wimbledon) peuvent en témoigner. Quant à l’imprévisible Lukas Rosol, on se souvient qu’il avait battu Rafael Nadal en 2012 sur le gazon londonien.
Méfiance donc, même si, sur le papier, la France part largement favorite. En cas de victoire, Noah et sa bande affronteront soit les Etats-Unis, soit la Croatie, du 16 au 18 septembre. Dans les deux cas, il leur faudra faire le voyage.
Le programme de vendredi :
Lukas Rosol (78e mondial) contre Jo-Wilfried Tsonga (n° 10) à partir de 12 h 00.
Jiri Vesely (n° 50) contre Lucas Pouille (n° 21).
Les deux autres quarts de finale opposent le Royaume-Uni à la Serbie (à Belgrade), et l’Italie à l’Argentine (à Pesaro).