L’ONU réclame des trêves humanitaires à Alep, ville assiégée de Syrie
L’ONU réclame des trêves humanitaires à Alep, ville assiégée de Syrie
Le Monde.fr avec AFP
La France a appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat dans cette ville, peu après le bombardement de quatre hôpitaux par le régime du président Bachar Al-Assad.
Ancien poumon économique de la Syrie, Alep est entrée dans le conflit à l'été 2012 et est depuis divisée entre zones contrôlées par les rebelles à l'est et celles du régime à l'ouest. | Reuters/HOSAM KATAN
Les Nations unies ont réclamé, lundi 25 juillet, des trêves humanitaires chaque semaine pour ravitailler les civils pris au piège à Alep, dans le nord de la Syrie. La France a de son côté appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat dans cette ville, peu après le bombardement de quatre hôpitaux par le régime du président Bachar Al-Assad.
Le patron des opérations humanitaires de l’ONU, Stephen O’Brien, a affirmé que la communauté internationale « ne peut pas laisser la partie est d’Alep devenir une nouvelle zone assiégée, et de loin la plus grande » zone soumise à un siège en Syrie. Le régime veut reconquérir ces quartiers, contrôlés par des groupes rebelles, et qui « risquent d’être assiégés ». Le ravitaillement en nourriture des habitants risque de se tarir dès la mi-août, d’après lui.
« Le temps presse », a averti M. O’Brien, en qualifiant la tactique des sièges de villes de « médiévale et honteuse ». Il a « appelé les parties au conflit, et ceux qui ont une influence sur elles, à agir d’urgence pour instaurer une pause humanitaire de quarante-huit heures chaque semaine », de façon à assurer un accès humanitaire « régulier et sécurisé » aux habitants. Cet appel « doit venir de vous, le Conseil de sécurité », a-t-il lancé aux ambassadeurs des quinze pays réunis pour un débat sur la situation humanitaire en Syrie.
La France demande « une trêve humanitaire immédiate »
Des rebelles syriens, le 17 février au nord d'Alep, en Syrie. | REUTERS/HOSAM KATAN
L’ambassadeur français, François Delattre, avait auparavant comparé devant des journalistes la situation d’Alep à celle du siège de Sarajevo pendant la guerre de Bosnie. « Le Conseil de sécurité ne peut pas accepter que ces crimes de guerre – oui des crimes de guerre – se répètent, a-t-il lancé en référence au récent bombardement d’hôpitaux. La France appelle à une trêve humanitaire immédiate à Alep et dans la Ghouta [périphérie rurale de Damas]. »
Le régime syrien et ses alliés « sont décidés à assiéger, affamer et bombarder Alep jusqu’à ce qu’ils atteignent leur objectif militaire – éliminer l’opposition – c’est cela le but de ce siège », a déclaré M. Delattre. « Trop c’est trop », a de son côté affirmé l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft, selon qui le Conseil de sécurité réfléchissait à une initiative pour répondre à la crise à Alep.
Tout en reconnaissant la nécessité « d’éviter une catastrophe humanitaire », l’ambassadeur russe Vitali Tchourkine a dénoncé « deux poids, deux mesures » dans le traitement de la crise en Syrie. Il a estimé que « l’attention est concentrée de manière intentionnelle sur des zones où le gouvernement syrien mène une action antiterrroriste », alors que la coalition militaire menée par Washington en Syrie « a tué des dizaines de civils » dans ses opérations contre les djihadistes.
Quatre hôpitaux bombardés
Plus de 200 000 habitants des quartiers rebelles d’Alep sont assiégés depuis le 17 juillet et fréquemment pris pour cibles par l’aviation syrienne et son allié russe. Aucune aide de l’ONU n’a pu entrer dans ces secteurs depuis le 7 juillet. Des bombardements ont touché ce week-end quatre hôpitaux de campagne et une banque de sang, provoquant notamment la mort d’un nouveau-né, mort après la rupture de son alimentation en oxygène.
Lundi, le régime syrien a intensifié ses bombardements sur des zones rebelles dans la province d’Alep, tuant vingt-deux civils selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Divisée depuis 2012 entre des quartiers ouest tenus par le régime et des quartiers est contrôlés par des rebelles, l’ex-capitale économique de Syrie est l’une des villes les plus touchées par la guerre.
La ville d'Alep, siège d'intenses combats depuis le début de la guerre en Syrie. | REUTERS/HOSAM KATAN
Sur le front diplomatique, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui souhaite une reprise des pourparlers de paix en août, doit rencontrer mardi à Genève de hauts représentants russe et américain, alors que Moscou et Washington se sont mis d’accord pour coopérer militairement en Syrie. Cette réunion doit permettre de relancer des pourparlers au point mort après l’échec de deux sessions de négociations cette année.
Dimanche, le régime s’est dit quant à lui « prêt à poursuivre le dialogue intersyrien sans aucune condition préalable, dans l’espoir qu’il conduira à une solution globale ». Déclenché en mars 2011 après la répression de manifestations pacifiques pour des réformes démocratiques, le conflit syrien s’est mué en une guerre impliquant une multitude d’acteurs locaux, régionaux et internationaux. Il a fait plus de 280 000 morts et forcé des millions de personnes à fuir leur foyer.