RDC : le report des élections rallume la contestation politique
RDC : le report des élections rallume la contestation politique
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Le scrutin, qui aurait dû se tenir en novembre, n’aura pas vraisamblablement pas lieu ni cette année, ni l’année prochaine. L’opposition menace déjà d’une grève générale.
Des partisans d’Etienne Tshisekedi (opposition) dénoncent le président Joseph Kabila, lors d’un rassemblement, le 31 juillet 2016, à Kinshasa. | KENNY KATOMBE / REUTERS
Initialement prévue en novembre prochain, l’élection présidentielle en République démocratique du Congo ne pourra pas avoir lieu cette année. La commission électorale a annoncé avoir besoin d’un « délai de seize mois et un jour » pout finaliser l’enregistrement des 30 millions d’électeurs en âge de voter.
L’opération a été lancée en mars dernier, ce qui veut dire qu’elle ne s’achèverait pas avant juillet 2017, selon le nouveau calendrier. L’alliance des partis d’opposition a réai en annonçant son refus d’ouvrir des discussions avec le pouvoir et appelle à une grève générale pour mardi.
Limitation des mandats
L’actuel président Joseph Kabila, dont le mandat s’achève en décembre, avait été autorisé par la justice à rester au pouvoir jusqu’à la tenue du scrutin. Ce « glissement » de calendrier alimente la tension avec l’opposition, qui s’oppose à ce que le président congolais modifie la Constitution pour faire sauter le verrou de la limitation des mandats.
Le report du scrutin est justifié par un manque de fonds et le retard pris dans l’enregistrement des nouveaux électeurs. Selon le président de la commission électorale, il faudra 16 mois pour mener à bien l’enregistrement des quelque 30 millions d’électeurs entamé en mars.
L’opposition hausse le ton
L’opposition veut que Joseph Kabila se retire après 15 années au pouvoir, conformément à la Constitution. Avec cet appel à la grève diffusé sur son site internet, l’opposition hausse le ton de façon significative. En janvier 2015, une quarantaine de manifestants sont morts dans des manifestations contre le gouvernement sur cette question.
C’est aussi un revers pour le médiateur de l’Union africaine, Edem Kodjo, qui avait auparavant estimé que la voie était désormais libre pour que les discussions entre tous les partis commencent mardi dans le but de trouver un accord électoral.
L’opposition accuse Edem Kodjo d’être du côté du gouvernement et lui demande de démissionner, craignant que Joseph Kabila ne cherche à organiser un référendum constitutionnel pour faire adopter une prolongation du mandat présidentiel, comme l’ont fait l’an dernier ses homologues rwandais et congolais.
Le président n’a pour l’instant pas exclu une telle initiative et il a proposé des discussions sur le sujet à tous les partis politiques du pays.
2018, voire 2019
Le gouvernement entend organiser les scrutins municipaux et provinciaux avant l’élection du nouveau chef de l’Etat. Pour certains observateurs, une telle décision pourrait permettre de repousser la présidentielle jusqu’en 2018 ou 2019.
Joseph Kabila est arrivé au pouvoir à la mort de son père, Laurent-Désiré Kabila, en 2001, puis a remporté sa première élection présidentielle en 2006. La Constitution limite le maintien au pouvoir d’un président à deux mandats de cinq ans. La République démocratique du Congo, en proie à la violence des milices dans l’Est, n’a pas connu de changement pacifique de gouvernement depuis l’indépendance en 1960.