Le président russe, Vladimir Poutine, le 27 mai 2016 à Athènes. | ARIS MESSINIS / AFP

Sans plus attendre, à peine les premiers sondages de sortie des urnes connus en début de soirée dimanche 18 septembre, Vladimir Poutine et son premier ministre, Dmitri Medvedev, se sont rendus au siège de Russie unie, pour annoncer en duo la victoire de leur parti aux élections ­législatives. « Le résultat est bon », s’est réjoui le chef de l’Etat, en se félicitant que le résultat obtenu, « en dépit des problèmes dans le pays », garantisse la « stabilité voulue par les gens ». « On peut dire clairement que notre parti a gagné », a renchéri à ses côtés M. Medvedev, le président de Russie unie. Le parti qui domine sans discontinuer la vie politique russe depuis l’arrivée au pouvoir de M. Poutine, il y a seize ans, a obtenu la majorité absolue avec plus de 53 % des voix.

Selon les premières projections, Russie unie remporterait 76 % des 450 sièges de députés à la Douma, la chambre basse du parlement, améliorant ainsi son score par rapport au scrutin de 2011 à l’issue duquel le parti avait obtenu 49,3 % des voix. Loin derrière, les autres formations loyales au Kremlin, ­elles-mêmes installées dans le paysage depuis les années 1990, se partagent le reste des suffrages. Le parti LDPR de l’ultranationaliste Vladimir Jirinovski devancerait de peu le Parti communiste de Guennadi Ziouganov. Le dernier-né, Russie juste, fermerait le ban avec un peu plus de 6 %. Le scrutin, anticipé de trois mois et organisé pour moitié par liste de parti, pour moitié par mandat uninominal, n’a laissé aucune chance aux autres.

L’opposition laminée

Sur les 14 partis en lice, aucun issu de l’opposition dite « hors système », désunie et vilipendée par les médias pro-Kremlin, ne dépasse la barre des 5 % nécessaires pour espérer entrer à la Douma. A Moscou, le seul député sortant issu de cette opposition, Dmitri Goudkov, a été battu. Dans une autre circonscription de la capitale, Piotr Tolstoï, journaliste à la première chaîne de télévision et descendant de l’illustre écrivain Léon Tolstoï, censé incarner le nouveau visage de Russie unie, a en revanche été élu avec plus de 51 % des voix devant son concurrent communiste. Ces élections constituaient le premier test électoral depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Ce sont surtout les dernières avant la présidentielle de 2018, qui ouvrent désormais un boulevard à Vladimir Poutine pour se représenter. Il dirigerait alors le pays jusqu’en 2024.

Ces élections ouvrent un boulevard à Vladimir Poutine pour se représenter en 2018

Une majorité des 110 millions de citoyens appelés aux urnes ont cependant boudé le scrutin. Selon la Commission centrale électorale, le taux de participation s’est élevé à 47,9 % contre 60 % en 2011. Depuis 1993, date des premières élections législatives organisées après l’effondrement de l’URSS, il s’agit même de la plus faible participation jamais enregistrée. A Moscou, comme à Saint-Pétersbourg, les deux principales villes du pays, cette situation était encore plus marquée que dans le reste du pays, signe d’un mécontentement réel en Russie après dix-huit mois de récession. Persuadés que leur vote ne pèserait pas lourd dans la balance, de nombreux électeurs ont préféré s’abstenir.

Des irrégularités ont été dénoncées, notamment dans la région de l’Altaï, en Sibérie. A Rostov-sur-le-Don, une vidéo, prise par l’une des caméras installées dans un bureau de vote et diffusée sur les réseaux sociaux, a surpris une femme bourrant les urnes. Pas de quoi inverser la tendance, cependant, pour la présidente de la Commission centrale électorale, Ella Pamfilova. « Nous avons la certitude absolue que ces élections se sont déroulées de manière tout à fait légitime », a-t-elle assuré. « Le parti du pouvoir détruit la stabilité élémentaire et divise la société », a réagi dans la nuit avec mauvaise humeur Guennadi Ziouganov, le chef de file des communistes.