Les sympathisants de gauche peuvent-ils vraiment peser dans la primaire de la droite ?
Les sympathisants de gauche peuvent-ils vraiment peser dans la primaire de la droite ?
Ils pourraient être entre 260 000 et 560 000 à aller voter, les 20 et 27 novembre, pour départager Alain Juppé de Nicolas Sarkozy.
Le sujet a été largement abordé ces derniers jours. L’immixtion des sympathisants de la gauche dans la primaire de la droite et du centre pourrait bien peser sur le résultat des scrutins des 20 et 27 novembre.
D’après trois sondages publiés au mois de septembre (BVA, IFOP et Ipsos), ils pourraient être entre 10 % et 16 % des participants à la primaire, soit de 260 000 à 560 000 selon les estimations, sur les 2,6 millions à 3,5 millions de votants estimés.
Difficile, toutefois, de prévoir leur participation effective à partir de ce qui n’est pour l’instant que du déclaratif.
Nous vous proposons une approche chiffrée de la question à partir des trois sondages publiés.
Au 1er tour, Sarkozy en tête… si les sympathisants de gauche ne votaient pas
D’après les chiffres des trois études, c’est clairement Alain Juppé qui bénéficie le plus du « soutien » potentiel des sympathisants de gauche, ces derniers représentant 6 % à 7 % des intentions de vote sur son nom.
Selon nos calculs (voir la méthodologie ci-dessous), l’ordre d’arrivée à l’issue du premier tour serait inversé si les sympathisants de gauche ne prenaient pas part au scrutin. Dans les trois sondages, Nicolas Sarkozy arriverait en effet en tête avec, au mieux, 38,5 % des suffrages (sondage BVA dans lequel la proportion des sympathisants de gauche dans le vote Juppé atteindrait 19,8 % contre 1,5 % dans celui de Sarkozy) ou, au plus bas, avec 35,4 % des voix (sondage IFOP avec 21,9 % de sympathisants de gauche dans le vote Juppé contre 4,13 % dans celui de Sarkozy).
Au second tour, Alain Juppé en tête, mais…
Selon les trois sondages, Alain Juppé arriverait largement en tête au second tour avec 56 % à 57 % des suffrages. Encore une fois, le vote des sympathisants de gauche joue un rôle considérable dans le score du maire de Bordeaux.
En ignorant le vote de ces sympathisants, Alain Juppé arriverait toujours en tête mais l’écart avec Nicolas Sarkozy s’en trouverait fortement réduit (de 2,1 points à 4,5 points).
En prenant en compte les marges d’erreurs propres à chacun des sondages, Alain Juppé ne serait pas assuré de l’emporter si les estimations devaient se situer dans les fourchettes basses.
Ces données, émanant de sondages présentés comme un reflet de l’« état de l’opinion à l’instant de [leur] réalisation et non pas une prédiction » (Ipsos), n’ont d’autres prétentions que d’évaluer le poids des sympathisants de gauche dans la primaire de la droite et du centre.
Méthodologie
Nous nous sommes basés sur les résultats issus de trois sondages réalisés en septembre sur la primaire du centre et de la droite par BVA, Ipsos et l’IFOP. Chacun de ces sondages indiquent à la fois la part des personnes qui se disent certaines d’aller voter selon leur orientation politique et les choix qu’elles feront aux premier et second tour de la primaire.
Il devient ainsi possible de calculer le poids des sympathisants de gauche dans les intentions de vote attribuées à chacun des candidats – nous avons fait le choix de nous focaliser sur Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, qui sont presque assurés d’être présents au second tour.
Par exemple, dans le sondage BVA, 13 % des participants à la primaire seraient des sympathisants de gauche. 89 % d’entre eux voteraient Alain Juppé au second tour. Le maire de Bordeaux emporterait la primaire avec 56 % des suffrages.
Nous avons ainsi 13 % × 89 % = 11,57 % de l’échantillon total représentant les sympathisants de gauche votant pour Alain Juppé, soit 11,57 % / 56 % = 20,66 %, de l’ensemble du vote Juppé au second tour.
A contrario, dans la même logique, les sympathisants de gauche ne représentent que 3,25 % des votes sarkozystes au second tour.
Il devient ainsi possible de « gommer » la présence des sympathisants de gauche dans les résultats de la primaire. La formule :
(score – % des sympathisants de gauche votant pour le candidat) / (100 % – poids des sympathisants de gauche dans la population totale soit 13 %)
Nous avons ainsi pour Alain Juppé : 56 % -11,57 % / 87 % = 51,07 %
Et pour Nicolas Sarkozy : 44 % * (100 % - 3,25%) / 87 % = 48,93 %
Avec un échantillon de 798 personnes représentant un nombre de participants à la primaire de 3 500 000 votants (soit 8 % des inscrits sur les listes), la marge d’erreur s’élève à 3,47 %. L’ensemble des calculs est disponible dans ce tableau.