En Occitanie, la région relance son Parlement de la mer vers une « croissance bleue »
En Occitanie, la région relance son Parlement de la mer vers une « croissance bleue »
A Sète, comme dans d’autres ports de taille moyenne, on attend avec impatience la relance du commerce maritime.
Le port de Sête, en 2011. | SYLVAIN THOMAS / AFP
Avec ses trois ports de commerce (Sète, Port La Nouvelle, Port-Vendres), la première flotille de pêche de Méditerranée, 66 ports de plaisance, plus de quatre millions de touristes par an, le tout réparti sur 215 kilomètres de rivages et 54 communes littorales sur quatre départements, la région Occitanie – sous-titrée Pyrénées-Méditerranée – veut se tourner davantage vers la mer, sans omettre de gérer ses 40 000 hectares d’étangs et lagunes.
Lancé en 2013, le Parlement de la mer va connaître l’acte 2 de son développement, dans l’obejctif de marier économie et environnement pour construire une nouvelle « croissance bleue ». Une assemblée plus étoffée, composée de 200 membres issus des collectivités, du monde économique, associatif ou de la société civile, a siégé le vendredi 21 octobre à Sète (Hérault), pour lancer les nouveaux travaux de cette instance unique en France, à l’échelle régionale.
« Dans cette région terrienne tournée vers la mer, nous devons fédérer le monde maritime pour relever les défis du siècle qui sont tout autant économiques, climatiques, urbains ou touristiques », a lancé l’ancien international de rugby Didier Codorniou, vice-président de la région, maire (PRG) de Gruissan (Hérault), et donc réélu à la présidence du parlement. Une nouvelle dynamique voulue par la présidente socialiste de région Carole Delga, qui en a profité pour lancer son Plan littoral 21, lui-même porté par une Direction de la mer au sein de l’administration régionale et ses 150 agents, techniciens, économistes ou... plongeurs.
Éolien off-shore flottant
Décloisonner, rétablir le dialogue entre pêcheurs, scientifiques, élus, plaisanciers ou professionnels du tourisme seront le fil rouge de débats qui déboucheront en février 2017 sur la signature d’un plan état-région, lui aussi inédit. « Si ces trois premières années ont été parfois un peu poussives, admet Didier Codorniou, nous avons déjà réalisé une dizaine d’engagements concrets sur la formation professionnelle, le développemet économique, la qualité des eaux ou le dragage des ports. » Le plus important de ces engagements a porté sur la concertation pour la définition de zones propices à l’implantation d’éoliennes à 16 kilomètres des côtes. En moins d’un an, élus, experts et entreprises ont défini deux zones – face à Gruissan et au large de Barcarès – après avoir consulté pêcheurs ou professionnels du tourisme. « Avant l’enquête publique nécessaire, c’est surtout l’exemple d’un processus démocratique nouveau qui a permis de travailler plus rapidement, plus efficacement », se félicitait Mme Delga.
Le marché, remporté par l’entreprise Quadran énergies libres, portera sur quatre éoliennes de 25 MW de 100 mètres de haut reposant sur des flotteurs de dimension équivalente et « sortira de l’eau » d’ici 2020. Il impacte surtout sur l’emploi et les aménagements des ports. Ainsi, à Port La Nouvelle (Hérault) un nouveau quai de 200 mètres de long sera adapté pour la construction des flotteurs, leur mise à l’eau ou l’assemblage des éoliennes. Une « ferme pilote » faisant face à une « ferme commerciale » de 20 à 30 hectares. Une logique de filière que l’on retrouvait lors de l’inauguration le même jour du Quai H de Sète-Frontigan. Un quai de 470 mètres de long pouvant accueillir des porte-conteneurs de 260 mètres, pour un investissement total de 45 millions d’euros, portés pour moitié par le secteur privé et pour l’autre par la région, gestionnaire des ports depuis la réforme de 2007. Et tout autour, des grues de manutention, des hangars gigantesques, un accès direct au rail.
Budget à trouver
Après la crise des années 1970, le départ de la société Mobil Oil quelques années plus tard, à Sète, comme dans d’autres ports de taille moyenne, on attend avec impatience la relance du commerce maritime, qui représente 80 % du chiffre d’affaires des activités, loin devant la pêche ou la conchyliculture. Pour une responsable de la Direction de la mer, « tout est mis en œuvre pour créer une dynamique de consultation, co-construction puis réalisation, avec un dénominateur commun : l’emploi. » Á entendre discuter dans les couloirs du parlement un directeur de l’Ifremer avec le proviseur du lycée de la pêche, rejoint par le représentant régional du Comité des pêches, l’ambiance semblait effectivement au dialogue. Celui-ci va se poursuivre jusqu’en février 2017 au sein de quatre commissions, après la mise en place d’un comité technique, des rencontres territoriales thématiques, la détection de filières et projets émergents.
A cette date, une autre réponse sera apportée par le gouvernement, celle des moyens financiers alloués. Si la Caisse des dépôts et consignation est entrée dans la danse, aucun montant n’est ressorti de cette journée, clôturée par l’inauguration du nouveau siège du parlement, qui n’a toujours pas de statut juridique, dans le superbe Palais consulaire sètois. « Cela va certainement tourner autour de plusieurs centaines de millions d’euros », avançait prudemment Carole Delga.