Le jour où l’Afrique aura des formations aussi dynamiques que ses étudiants
Le jour où l’Afrique aura des formations aussi dynamiques que ses étudiants
Par Jérôme Fenoglio (Directeur du Monde"), Serge Michel (rédacteur en chef Le Monde Afrique)
Débordées et parfois obsolètes, coupées des besoins des entreprises, les universités se réinventent alors que foisonnent les initiatives publiques et privées.
C’est à ce funeste paradoxe que s’attaque la troisième édition des Débats du Monde Afrique, à Dakar. Des débats publics et d’intérêt public, tenus à l’invitation de la présidence sénégalaise, qui s’intéresseront autant aux problèmes qu’aux solutions dans un domaine, l’éducation, où Le Monde fait référence.
Dépassées par le nombre
D’un côté, universités et grandes écoles sont dépassées par le nombre d’étudiants (ils se sont multipliés par vingt en Afrique de 1970 à 2007, contre cinq dans le reste du monde) et souvent par l’obsolescence des cours dispensés. De l’autre, les employeurs africains ne trouvent pas les compétences dont ils ont besoin. Selon une récente étude de Deloitte, c’est même leur souci le plus important pour les douze à dix-huit mois à venir. Quant aux meilleurs ou aux plus chanceux, ils partent se former à l’étranger, constituant une élite qui rentre encore trop peu sur le continent.
Impatience
Alors l’enjeu est colossal. 300 millions de jeunes Africains vont arriver sur le marché de l’emploi d’ici à 2050. Et leur impatience est déjà perceptible. Désabusés par l’offre disponible, ils cherchent à s’autoformer. Si bien que l’éducation en Afrique offre aujourd’hui un paysage passionnant, dans lequel foisonnent initiatives privées et publiques, nouvelles méthodes, nouvelles technologies.
Dans l’éducation comme dans les télécoms ou l’énergie, l’Afrique, continent pillé, humilié pendant tant d’années, est en train de mettre à profit son « avantage de l’arriération ». L’idée ? Comme elle fait face à une montagne de problèmes, l’Afrique invente des montagnes de solutions et brûle les étapes. Si bien que, pour l’éducation, c’est sans doute un âge d’or qui est en train de s’ouvrir.
Premiers résultats
Les premiers résultats sont déjà là. Il y a les cinq centres d’excellence AIMS pour les mathématiques et les vingt-cinq campus que veut lancer l’African Leadership Network. Il y a des masters africains qui rivalisent avec ceux du monde développé et des MBA que l’on peut faire au Maroc ou au Sénégal. Il y a ces MOOCs que l’Ecole polytechnique de Lausanne développe au Bénin, en Côte d’Ivoire ou au Cameroun et ces nécessaires « ateliers de la pensée » que plusieurs philosophes africains organisent à Dakar et à Saint-Louis. Au Sénégal, les écoles privées de management comme l’ISM ou l’IAM sont tellement performantes que l’Etat n’hésite plus à signer avec elles des partenariats public-privé.
Dakar lance le mouvement
Quel meilleur endroit que Dakar pour traiter ces questions ? Le Sénégal, qui a hérité de la France une passion pour les humanités, doit accroître très rapidement sa capacité à accueillir et encadrer ses étudiants, et surtout réinventer ses cursus universitaires et ses filières de formation professionnelle. Le pays en est conscient et a lancé le mouvement. Il construit en ce moment plusieurs universités, écoles et centres de formation professionnelle et se conçoit désormais comme une plate-forme éducative pour toute l’Afrique de l’Ouest.
Le Monde Afrique organise les 27 et 28 octobre, à Dakar, la troisième édition de ses Débats avec pour thème, cette année, les défis de l’éducation supérieure en Afrique. Il y sera question des universités, de l’adéquation des filières actuelles avec les besoins des entreprises, de l’innovation technologique au service de l’éducation et de la formation des leaders africains. L’entrée est libre, sur inscription. Cliquez ici pour consulter le programme et vous inscrire.
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Durée : 02:04