Fin de 10 mois de paralysie politique en Espagne avec le retour des conservateurs
Fin de 10 mois de paralysie politique en Espagne avec le retour des conservateurs
Mariano Rajoy est revenu au pouvoir après avoir remporté un vote de confiance au Congrès. A la tête d’un gouvernement très minoritaire, il devra faire preuve de diplomatie.
JAVIER SORIANO / AFP
Le président du Parti populaire (PP), Mariano Rajoy, a été reconduit à la tête du gouvernement espagnol, obtenant la confiance du Congrès, samedi 29 octobre. Il a obtenu 170 voix favorables, 111 voix défavorables et 68 abstentions chez les députés de gauche du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).
M. Rajoy, qui a bénéficié des votes de son parti et de 32 députés centristes de Ciudadanos, revient ainsi au pouvoir après un blocage politique qui aura duré 10 mois marqués par deux élections législatives (le 20 décembre et le 26 juin) qui n’ont pas donné de majorité claire.
Lors de son discours devant le Congrès, Mariano Rajoy a plaidé pour un vote favorable en disant qu’il « ne demandait pas un chèque en blanc, ni la lune, mais un gouvernement stable ». Celui-ci devrait être dévoilé le 3 novembre.
« Il va diriger le gouvernement le plus minoritaire de l’histoire de l’Espagne »
La marge de manœuvre de M. Rajoy sera bien plus étroite que lors de ses précédents gouvernements, remontant jusqu’en 2011. Comme l’expliquait au Monde le politologue Pablo Simon, universitaire et membre du groupe de réflexion Politikon :
« Il va diriger le gouvernement le plus minoritaire de l’histoire de l’Espagne avec seulement 137 députés sur 350. Il n’a pas d’autres choix que de changer ses manières. »
Cela veut dire que Mariano Rajoy devra sans cesse négocier, ce qui n’a jamais été son fort. Pour approuver des lois ordinaires, il faudra au PP une majorité simple – plus de voix pour que de voix contre –, ce qui l’obligera à se mettre d’accord, au minimum, avec Ciudadanos.
Pour les lois organiques, il a besoin de la majorité absolue – plus de la moitié des députés –, ce qui se révélera plus compliqué. Car le PSOE, malgré son abstention lors du vote de confiance, prévoit de mener une « opposition dure » et s’est fixé parmi ses objectifs d’abroger les grandes réformes du mandat de M. Rajoy : les lois du travail, de l’éducation ou de la sécurité intérieure.
Devant le Congrès, le 29 octobre, des manifestants contre le reconduction annoncée de Mariano Rajoy. | GERARD JULIEN / AFP
Pendant que le vote avait lieu, près de 6 000 personnes ont manifesté autour du bâtiment à Madrid pour dénoncer le retour au pouvoir des conservateurs. La manifestation était organisée par le collectif du « 25-S », qui avait organisé une action similaire en 2012. Avec des panneaux « non », entourés par de nombreux policiers, les manifestants s’étaient réunis « contre le coup d’Etat de la mafia », rappelant les affaires de corruption dans lesquels sont impliqués des membres du parti conservateur.