Fausses informations en ligne : les adolescents « facilement dupés », selon une étude
Fausses informations en ligne : les adolescents « facilement dupés », selon une étude
Des chercheurs de l’université de Stanford qualifient la capacité de raisonnement des jeunes sur l’information en ligne de « désolante », étude à l’appui.
Alors que la question des fausses informations circulant en ligne a fait l’objet d’une polémique après l’élection de Donald Trump, l’université de Stanford vient de publier mardi 22 novembre le résumé d’une étude à paraître sur la vigilance des adolescents à leur égard et relayée par le Wall Street Journal. Constat : ceux-ci sont rarement capables de les distinguer des vraies informations.
« La capacité de raisonnement des jeunes sur l’information en ligne peut être résumée en un seul mot : désolante », peut-on lire dans l’introduction de cette étude, menée auprès de 7 804 élèves et étudiants, du collège à l’université, entre janvier 2015 et juin 2016. « Nos “digital natives” sont peut-être capables de passer de Facebook à Twitter tout en publiant un selfie sur Instagram et en envoyant un texto à un ami, mais quand il s’agit d’évaluer l’information qui transite par les réseaux sociaux, ils sont facilement dupés. »
L’image comme preuve
Pour parvenir à cette conclusion sévère, les chercheurs ont donné une série d’exercices à ces adolescents, avec un niveau de difficulté différent selon les classes d’âge. Ils ont par exemple montré à des lycéens une publication diffusée sur le site de partage d’images très populaire Imgur. On y voit une photo de pâquerettes déformées, avec pour titre « les fleurs nucléaires de Fukushima ». Les adolescents étaient invités à répondre à la question suivante : « Est-ce que cette publication apporte des preuves solides concernant l’état de la zone entourant la centrale de Fukushima ? Expliquez votre raisonnement. »
Quarante pour cent d’entre eux ont répondu par l’affirmative, arguant que la photo faisait office de preuve solide. Moins de 20 % d’entre eux ont questionné la source de la photographie ou de la publication. Un quart ont estimé que cette publication n’apportait pas de preuve solide, car elle ne montrait que des fleurs, et pas d’autres types de plantes affectées ou des animaux.
Les collégiens ont, quant à eux, dû analyser un article sponsorisé publié en ligne par un haut dirigeant de Bank of America, expliquant que les jeunes avaient besoin d’aide pour gérer leurs finances. Plus des deux tiers des collégiens interrogés n’ont pas vu de raison de se méfier de cette publication. Certains ont mis en doute son honnêteté mais en arguant, par exemple, que « certains jeunes savent très bien gérer leur argent ». Soixante-dix pour cent n’ont pas relevé l’identité de l’auteur comme facteur de doute.
Les adultes aussi
Les adolescents encore au collège ont aussi dû se prononcer sur quatre tweets évoquant la démission d’un policier. Les chercheurs leur ont demandé lequel était le plus crédible. Plus de la moitié ont préféré croire le tweet apportant le plus de détails, plutôt que celui issu de NPR, une grande radio publique américaine.
La façon dont les internautes se comportent face aux informations qu’ils reçoivent et partagent est un enjeu important, qui a été très discuté après l’élection présidentielle américaine. Facebook a notamment été accusé de laisser proliférer, voire de valoriser, de fausses informations sur son réseau social, ce qui aurait bénéficié à Donald Trump. Une polémique qui a mené Facebook, mais aussi Google, a annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre le phénomène. Et qui a également montré que le problème de vigilance relative aux fausses informations ne concernait pas seulement les plus jeunes, et loin de là.