François Fillon, après son discours à son QG de campagane, à Paris, le 27 novembre. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"

François Fillon, vainqueur de la primaire de la droite avec plus de 66 % des suffrages, s’est exprimé devant ses soutiens, dans son QG de campagne, le 27 novembre, au soir du second tour. Alain Juppé, arrivé bon perdant avec 33% des voix, a de son côté salué la victoire de son adversaire.

Le député de Paris, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, avait remporté 44,1 % des suffrages au premier tour, créant la surprise alors que les tendances des derniers mois laissaient présager un duel Juppé-Sarkozy au second tour.

M. Fillon a salué l’engagement des électeurs qui ont de nouveau été très nombreux à se déplacer (4,26 % de plus d’électeurs qu’au premier tour, où ils étaient 4,2 millions à s’être rendus dans les bureaux de vote) :

« La primaire de la droite et du centre est close et les électeurs doivent être salués pour s’être emparés massivement et librement de ce rendez-vous démocratique. »

M. Fillon a rappelé que sa victoire déjouait tous les pronostics :

« La victoire me revient ; c’est une victoire de fond bâtie sur des convictions. Depuis 3 ans, je trace ma route, à l’écoute des Français, avec mon projet, avec mes valeurs, et progressivement, j’ai senti cette vague qui a brisé tous les scénarios écrits d’avance. Ma démarche a été comprise : la France ne supporte pas son décrochage. Elle veut la vérité et elle veut des actes. »

Il a tendu la main à l’ensemble de sa famille politique, et particulièrement à Nicolas Sarkozy, dont il a été le chef de gouvernement pendant cinq ans, entre 2007 et 2012, ainsi qu’à « tous ceux qui veulent servir » le pays :

« Ce quinquennat qui s’achève a été pathétique. Il va falloir y mettre un terme, et repartir de l’avant comme jamais nous ne l’avons fait depuis 30 ans. Pour cela, j’aurai besoin de tout le monde. Ce soir, j’ai une pensée particulière pour Nicolas Sarkozy J’adresse à Alain Juppé un message d’amitié, d’estime, de respect. Alain est un homme d’Etat et il le reste. Aucun candidat n’a démérité. Cette primaire fut digne. Pas un électeur ne doit se sentir humilié ou mis à l’écart. Ce qui nous unit est plus important que ce qui nous distingue. Voilà pourquoi, je tends la main à tous ceux qui veulent servir notre pays. (…) »

Le discours de M. Fillon était également empreint d’une certaine fermeté, le candidat affirmant comprendre le besoin d’« autorité » et d’un retour aux « valeurs ».

« Il y a dans notre pays un immense besoin de respect et de fierté. Il y a aussi un appel à l’autorité de l’Etat et à l’exemplarité de ceux qui le dirigent. Les électeurs de la droite et du centre ont trouvé dans ma démarche les valeurs françaises auxquelles ils sont attachés. Ces valeurs, je les défendrai et nous les partagerons avec tous ceux qui, dans leurs différences, aiment la France. Personne ne devra se sentir exclu d’une société que je veux plus juste et plus solidaire. Notre renaissance sera l’œuvre de tous. Elle viendra de notre volonté de nous battre ensemble pour le bien commun et pour que nos enfants soient heureux d’être Français.
Je sais les défis, mais je suis porté par la confiance que fait naître en moi cette incroyable aventure d’un pays qui par son travail et sa bravoure a réussi à se placer parmi les cinq plus grandes puissances du monde. L’avenir nous attend, et nous avons en mains tous les atouts pour être une Nation souveraine et moderne, en tête de l’Europe. Dès demain, l’essentiel commence !
J’ai maintenant le devoir de convaincre tout un pays que notre projet est le seul qui puisse nous hisser vers le haut, pour l’emploi, pour la croissance, pour battre ces fanatiques qui nous ont déclaré la guerre. J’ai le devoir de redonner confiance aux Françaises et aux Français. J’en suis certain, ils sont des millions prêts à s’élancer. Je ne vois dans leurs yeux, ni lâcheté, ni résignation, mais une force qui attend son heure, et cette force sera extraordinaire si nous la guidons vers des changements inédits. J’ai le devoir de vaincre l’immobilisme et la démagogie. La gauche, c’est l’échec ; l’extrême droite, c’est la faillite. Je parle de vaincre ces partis politiques, pas de vaincre ces Français déçus, ces électeurs qui ne sont pas aujourd’hui des nôtres mais qu’il me revient aussi d’entraîner vers l’avenir. »

François Fillon n’a pas manqué de tacler le quinquennat socialiste et a promis de faire table rase en évoquant un « changement de logiciel complet ».

« François Hollande a abaissé la fonction présidentielle : il faudra la restaurer. Si le peuple français me fait confiance, j’aurai le devoir de respecter le contrat noué avec lui et de tenir ma charge avec dignité. Je mesure la gravité de la situation et les attentes de mes compatriotes. Je vais aller à leur rencontre tout au long des prochains mois. Je relèverai avec eux un défi original en France : celui de la vérité et celui d’un changement de logiciel complet. Je donne rendez-vous à tous ceux qui savent que le bonheur est une conquête. Je donne rendez-vous à tous ceux qui ont dans le cœur la fierté d’être français. Mon ambition est de hisser la nation vers le meilleur d’elle-même, et je vous le certifie, si en 2017 nous prenons fermement les choses en main, notre pays ira loin car rien n’arrête un peuple qui se dresse pour son avenir. Avec ces primaires, une espérance est née. Ma mission est de la faire grandir pour la France et pour la République. »