LA LISTE DE NOS ENVIES

UNE REVUE ET UN LIVRE : « Rock & Folk » fête ses 50 ans

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D’abord conçu, en juillet 1966, comme un « numéro hors-série de la revue Jazz-Hot » annonçait sa couverture avec Bob Dylan en « une », le mensuel Rock & Folk prit son indépendance quelques mois plus tard, en novembre. Cinquante ans plus tard, Rock & Folk est toujours là, quand ses concurrents durant des années, Best et Extra, ont cessé de paraître. L’anniversaire est fêté avec un numéro spécial, le 592e, Dylan, Paul Mc Cartney et Neil Young en couverture et un livre de Christophe Quillien (préface du rédacteur en chef, Philippe Manœuvre), aux éditions du Chêne-E/P/A.

Dans le mensuel, les souvenirs de Stéphane Koechlin, le fils du fondateur Philippe Koechlin, d’autres de Philippe Garnier, un portfolio de photographies mémorables, des témoignages, dont « 50 mots d’amour », par Iggy Pop, une histoire du journal… Le livre explore toutes les facettes de l’histoire de la revue, sous forme de thématiques chronologiques, avec un nombre impressionnant de reproductions d’articles, qui permet de voir les inventives évolutions de la mise en page. Le folk, la scène londonienne, les premiers festivals sous étiquette pop, l’essor de la scène française, la soul et le funk, les filles électriques, le punk, le fameux « retour des guitares » de la fin des années 1990… sont parmi d’autres au programme d’un ouvrage soigné (textes, qualité des reproductions) à la hauteur de son sujet. Sylvain Siclier

« Rock & Folk 50 ans », no 592, décembre 2016, 194 p., 8,90 €, kiosques et site Internet du magazine. Rock & Folk 50 ans de rock, de Christophe Quillien, éd. Chêne-E/P/A, 288 p., 35 €.

UN MORCEAU INÉDIT : dialogue de guitares par Bert Jansch et John Renbourn

L’honorable label anglais Earth continue d’exhumer une partie méconnue mais ô combien passionnante de l’œuvre du guitariste et chanteur Bert Jansch, mort en 2011 à l’âge de 67 ans. L’Ecossais fut l’un des instigateurs du renouveau de la musique folk-rock dans les années 1960 au sein de la légendaire formation Pentangle, à l’instar de leur pair Fairport Convention. Après les rééditions durant le premier semestre 2016 des trésors rares Avocet (1978) et From the Outside (1985), Earth s’attaque au chapitre des années 1990 en solo du virtuose de la six-cordes acoustique : le coffret Living In The Shadows, à paraître le 27 janvier 2017, regroupe trois albums de Bert Jansch enregistrés durant cette période où il fut un peu oublié : The Ornament Tree (1990), When The Circus Comes To Town (1995) et Toy Balloon (1998). Trois disques à l’épure sensible et remarquable, complété d’un quatrième de matériel inédit. L’un de ces morceaux encore jamais édité vient d’être dévoilé : il s’agit d’un instrumental enregistré « à la maison », où dialoguent harmonieusement les guitares de Bert Jansch et John Renbourn, son fidèle complice et co-fondateur de Pentangle, mort en 2015 à l’âge de 70 ans. Franck Colombani

TROIS FESTIVALS :

  • Quatre soirées avec Jazzycolors, à Paris, jusqu’au 1er décembre

Affiche du festival Jazzycolors. | GRAPHISME ET PHOTOGRAPHIE : STÉPHANE ROQUEPLO

Ouvert le 3 novembre avec le duo du pianiste Bojan Zulfikarpasic et du saxophoniste Julien Lourau, le festival Jazzycolors, organisé par le Forum des Instituts culturels étrangers de Paris (Ficep) entre dans sa dernière semaine. Mardi 29 novembre, à la Maison de la Norvège à la Cité internationale universitaire de Paris, ce sera le premier concert en France de l’une des formations de l’active scène norvégienne, le trio Moskus, soit la claviériste Anja Lauvdal, le contrebassiste Fredrik Luhr Dietrichson et le batteur et percussionniste Hans Hulbækmo qui comme sur leur récent disque Ulv Ulv (Hubro/Outhere) seront accompagnés du violoniste Nils Okland. Développement d’atmosphères et combinaisons entre touches électroniques et musique acoustique sont la marque de la formation.

Le trio Moskus, de gauche à droite, le batteur et percussionniste Hans Hulbækmoe, la claviériste Anja Lauvdal et le contrebassiste Fredrik Luhr Dietrichson. | DR

Le même soir le Centre Wallonie-Bruxelles recevra une proposition du Centre culturel de Taïwan, le groupe Ka Dao Yin, là aussi dans la pratique des mélanges, avec des éléments de jazz, de folklore, des improvisations avec piano, saxophone, sheng (orgue à bouche chinois) et guzheng (cithare chinoise). Mercredi 30 novembre, le Centre culturel hellénique présentera à l’Institut hongrois de Paris la chanteuse Cybèle Castoriadis avec le trio jazz du pianiste Antoine Karacostas. Enfin le New Spark Jazz Orchestra sera, jeudi 1er décembre, au Goethe-Institut le choix du Centre culturel de Serbie. S. Si.

Jazzycolors dans les instituts et centres culturels étrangers à Paris, jusqu’au 1er décembre, adresse des lieux et horaires sur le site Internet. De 5 € à 20 €.

  • Jazz’N’klezmer au New Morning et à l’Espace Rachi

Affiche du festival Jazz’N’klezmer. | CONCEPTION ET GRAPHISME : SÉBASTIEN MERLET, GROS & DÉTAILS

Autre festival qui se termine cette semaine, Jazz’N’klezmer qui a présenté une dizaine de concerts depuis le 8 novembre dans plusieurs salles parisiennes. Ce lundi 28 novembre c’est au New Morning qu’il faudra se rendre pour un doublé avec la chanteuse et flûtiste Clotilde Rullaud et le claviériste et chanteur Alexandre Saada qui joueront le répertoire de leur album sous le nom Madeleine et Salomon A Woman’s Journey » (Promise Land) puis le pianiste franco-israélien Yonathan Avishai en quintette, dont le récent album The Parade (Jazz & People) se promène entre jazz et musique afro-cubaine. Au même New Morning, le lendemain mardi 29, sont attendus la chanteuse Noëmi Waysfeld avec le groupe Blik puis le collectif Horse Raddish. Enfin, jeudi 1er décembre, à l’Espace Rachi, le pianiste Franck Amsallem et la formation du saxophoniste Irving Acao avec Carlos Miguel Hernandez au chant, viendront conclure le festival. S. Si.

New Morning, 7-9, rue des Petites-Ecuries, Paris 10e, Mo Château-d’Eau, de 21 € à 26 €; Espace Rachi, 39, rue Broca, Paris 5e, Mo Censier-Daubenton, de 24 € à 28 €.

  • Le 11e Monte-Carlo Jazz Festival, jusqu’au 3 décembre

Affiche du Monte-Carlo Jazz Festival. | DR

Depuis ses débuts le Monte-Carlo Jazz Festival s’est montré ouvert à la plupart des formes du jazz : classique, vocal, en lien avec les musiques du monde, l’électro, etc. La 11e édition du festival, organisée dans la très belle salle de l’Opéra Garnier de Monte-Carlo, salle attenante au casino, les deux conçus par l’architecte Charles Garnier, a ainsi débuté le 24 novembre avec le spectacle de Lambert Wilson consacré à Yves Montand et le 27 avec la chanteuse Angélique Kidjo. La suite, jusqu’au 3 décembre, a d’aussi belles propositions. Ainsi, après son passage au Blue Note Festival, à Paris, le chanteur Al Jarreau avec le NDR Bigband pour une exploration du répertoire de Duke Ellington (mardi 29 novembre, première partie Malia et André Manoukian), la trompettiste Airelle Besson avant son collègue Ibrahim Maalouf (mercredi 30), l’immense saxophoniste Wayne Shorter (jeudi 1er décembre), une soirée en partie aux saveurs musicales afro-cubaines avec le bassiste Alune Wade et le pianiste Harold López-Nussa, puis dans d’identiques liens entre l’Afrique et Cuba, la formation du bassiste Richard Bona, avant les envols jazz du batteur Manu Katché (vendredi 2). La dernière soirée, samedi 3, mettra en avant la voix, celle de Madeleine Peyroux puis celle de Robert Charlebois pour ses 50 ans de chansons. S. Si.

Monte Carlo Jazz Festival, Opéra Garnier de Monte-Carlo, place du Casino. Jusqu’au 3 décembre. 80 € par soirée.

UNE VIDÉO : « Senga » par La Féline

La Féline - Senga (Official Video)
Durée : 04:21

Docteur en philosophie et rockeur peuvent être deux parties tout à fait conciliables. Après tout, l’ex-Kat Onoma Rodolphe Burger enseignait bien la philosophie avant de céder aux sirènes du rock. L’auteur-compositeur et interprète parisienne Agnès Gayraud, plus connue sous son pseudonyme d’artiste La Féline, en est une autre preuve éclatante. Son envoûtant premier album Adieu L’enfance, sorti en 2014, tordait la langue française dans une cold wave contemporaine, non dénuée de mélodies pop, bizarres et envoûtantes. Son second album baptisé Triomphe, paraîtra le 27 janvier 2017 sur (comme son prédécesseur) Kwaidan Records, le label de Marc Collin, producteur notamment de Nouvelle Vague. Pour l’heure, un premier single accompagné d’une vidéo, intitulé Senga, déroule son univers toujours aussi mystérieux voire mystique, teinté de paroles inspirées du poète américain naturaliste Walt Whitman. Le film quant à lui, réalisé par le collectif de vidéastes AS HUMAN PATTERN (croisé chez les post-rockers de Oiseaux-Tempête) met en scène une traque dans une forêt dense et obscure : des villageois sous la brume chasse une créature au corps nue, incarnée par la danseuse Hélène Rocheteau. L’histoire s’inspire de celle de sauvageonnes capturées dans les Pyrénées au XIXe siècle. Dans le morceau Adieu l’Enfance, il était déjà question de se perdre dans la forêt, opérant ainsi la jonction vers ce Triomphe, on l’espère, annoncé. F. C.