Chauffeurs VTC : les négociations suspendues à Uber
Chauffeurs VTC : les négociations suspendues à Uber
LE MONDE ECONOMIE
Alors que les chauffeurs et les plates-formes négocient, le Parlement adopte la proposition de loi Grandguillaume qui doit réglementer le secteur.
La mobilisation des chauffeurs VTC, commencée le 15 décembre, est en suspens depuis lundi 19 décembre, mais pour combien de temps ? Après deux réunions au ministère des transports, lundi, les associations et les syndicats de chauffeurs de VTC, et Uber, le leader des plates-formes de réservation de véhicules, n’étaient toujours pas parvenus à une issue au conflit qui les oppose depuis près d’une semaine. Mardi 20 décembre, toutes les parties devaient se retrouver à partir de 14 heures.
Après consultation de sa maison mère à San Francisco, Uber devait indiquer s’il accédait à la principale revendication des conducteurs : le gel de l’augmentation de sa commission, passée, le 8 décembre, de 20 % à 25 % de chaque course octroyée aux chauffeurs.
Cette mesure serait un premier pas pour lancer un cycle de discussions sur quatre grandes thématiques : la tarification, les conditions de déconnexion des plates-formes pour les chauffeurs, la protection sociale et les charges. « Ces négociations devront se conclure d’ici au 31 janvier 2017 », promet Alain Vidalies, le secrétaire d’Etat aux transports.
« On utilise plus d’essence pour moins d’argent »
De fait, même s’il cristallise actuellement les mécontentements, le taux de commission demandé par Uber et ses concurrentes (de 15 % à 25 %, selon les entreprises) est loin d’être le seul nœud du problème pour les chauffeurs. Ces derniers ont vu, ces derniers mois, leurs charges progresser plus rapidement que leurs revenus.
Fin 2015, Uber décidait de baisser unilatéralement les tarifs de 20 %, avant de les remonter de 15 %, début décembre 2016. De plus, le tarif horokilométrique d’Uber avantage les trajets les plus rapides, même s’ils sont plus longs. « On utilise plus d’essence pour moins d’argent », résume Yazid Sekhri, un conducteur de la plate-forme américaine, adhérent à la CFDT.
« Pour louer ma berline et payer mes frais d’essence, je dépense 105 euros en moyenne chaque jour », explique M. Sekhri. Pour maintenir ses revenus, il a dû multiplier les courses. Dimanche, en seize heures de travail, il a ainsi réalisé 35 courses pour 360 euros…
Rétablir le rapport de force
Pour améliorer leurs revenus, les chauffeurs évoquent d’autres possibilités, comme la facturation du temps d’attente ou l’utilisation de véhicules plus petits, et donc plus faciles à rentabiliser. Enfin, selon un participant, les plates-formes seraient favorables à une contribution au financement de la protection sociale des chauffeurs.
« Si cela reste dans le domaine du raisonnable, c’est envisageable », confirme Yves Weisselberger, le patron de Snapcar et président de la Fédération française de transport de personnes sur réservation, absent de la négociation, mais qui suit les débats attentivement.
La rentabilité du métier de chauffeur VTC est d’autant plus importante que la proposition de loi déposée par le député PS Laurent Grandguillaume a été adoptée, lundi, en seconde lecture à l’Assemblée, avant de passer, mercredi 21 décembre, au Sénat.
Selon ce texte, les chauffeurs salariés, sous statut Loti et qui représentent les deux tiers des 22 000 chauffeurs VTC en activité, vont disparaître. Seuls des indépendants pourront exercer d’ici à la fin de 2017, après avoir réussi un examen difficile. Cela risque de faire baisser le nombre de chauffeurs, et donc de rétablir le rapport de force entre ces derniers et les plates-formes. « Leur assurer des revenus suffisants sera nécessaire pour les retenir chez nous », conclut un patron de plate-forme.