Arrestation en Guinée équatoriale de trois cadres de la Société générale accusés par le fils Obiang de « violation du secret bancaire »
Arrestation en Guinée équatoriale de trois cadres de la Société générale accusés par le fils Obiang de « violation du secret bancaire »
Le Monde.fr avec AFP
Qualifiés « d’espions », deux Français et un Espagnol ont été entendus par la justice équato-guinéenne à quelques jours de l’ouverture à Paris du procès de Teodorin Obiang pour des faits de détournement de fonds publics et de corruption.
Trois expatriés de la banque française Société Générale, dont deux Français, sont poursuivis pour violation du secret bancaire en Guinée-Equatoriale par le vice-président et fils du président, Teodorin Obiang, à quelques jours de son procès prévu en France dans l’affaire des « biens mal acquis ».
« Mon client se plaint car son secret bancaire a été violé », a déclaré à l’AFP son avocat à Malabo, Sergio Abeso Tomo, mercredi 21 décembre. Les trois cadres -deux Français et un Espagnol- ont été interpellés et leur passeport a été confisqués, avait indiqué un communiqué officiel du Bureau d’information et de presse en date du 15 décembre.
« Nous confirmons que plusieurs collaborateurs de SGBGE (la filiale locale, NDLR) ont été entendus par les autorités de Guinée-Equatoriale. Nous tenons à confirmer que SGBGE respecte strictement l’ensemble des réglementations, nationales et internationales, qui lui sont applicables », a réagi la banque française dans une déclaration transmise à l’AFP mercredi.
Selon une source proche de la banque citée par le journal économique français Les Echos, « les salariés français auraient récupéré leurs passeports mais ils n’ont pas reçu l’autorisation de quitter le territoire ». Ils vont devoir comparaître au nom de Société Générale « pour une audition », a ajouté l’avocat de Teodorin Obiang.
Accusés d’espionnage
Les autorités les accusent d’« avoir transmis des relevés de compte et des données bancaires de personnalités importantes de notre pays à d’autres institutions étrangères », d’après le communiqué du gouvernement équato-guinéen. Elles suspectent ceux qu’elles qualifient d’« espions » de travailler pour les ONG « Transparency International et Sherpa » à l’origine de la plainte ouverte contre le vice-président dans le cadre de l’affaire dite des « biens mal acquis », affirme le communiqué officiel du 15 décembre, qui donnent le nom des trois cadres expatriés.
Teodorin Obiang, 47 ans, est poursuivi en France entre autres pour détournement de fonds publics et corruption. Son procès est prévu les 2, 4, 5, 9, 11 et 12 janvier, devant le tribunal correctionnel de Paris.
Il est accusé de s’être bâti en France un patrimoine considérable (hôtel particulier de 4.000 m2, voitures de marques prestigieuses, acquisition d’une partie de la collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé pour 18,3 millions d’euros...) en détournant de l’argent public de ce petit pays du golfe de Guinée, troisième plus gros producteur d’or noir d’Afrique subsaharienne.
Teodorin Obiang a été promu vice-président après la réélection en avril, avec plus de 90% des voix, de son père, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, au pouvoir depuis 1979, champion africain en terme de longévité présidentielle.