LA LISTE DE NOS ENVIES

La culture ne se vit pas qu’à Paris ! Cette semaine, nous vous proposons des spectacles à Rouen, Grenoble, Angers, Lille et en banlieue parisienne.

PHOTOGRAPHIE : A Rouen, une tranche de vie dublinoise, par Eamonn Doyle

« Twins », d’Eamonn Doyle, 2014. | EAMOMONN DOYLE/COURTESY GALERIE MICHAEL HOPPEN, LONDRES

L’Irlandais Eamonn Doyle n’est pas allé bien loin pour faire ses photographies : il s’est posté sur Parnell Street et O’Connell Street, deux grandes artères de Dublin, où il habite. Et il en a tiré une trilogie, trois livres qui portent un œil neuf sur la photo de rue. Le photographe, qui a travaillé pendant des années dans la musique, s’intéresse surtout à la symphonie du vivant, le mouvement des corps, les silhouettes et les couleurs de la foule. Autant d’instantanés qui dressent par petites touches un portrait de la ville de Dublin, sans prétendre à aucun discours : on croise des personnages âgés courbés, des populations métissées, des dialogues percutants entre les couleurs du mobilier urbain et les habits des passants. Remarqué à Arles lors d’une installation spectaculaire qui mêle graphisme et musique, ce travail immersif et accidenté est à découvrir à Rouen, au pôle Image de Haute-Normandie. Claire Guillot

Centre photographique, pôle Image Haute-Normandie. 15, rue de la Chaîne, Rouen. Ouvert du mardi au samedi, de 14 heures à 19 heures. Jusqu’au 18 février 2017.

THÉÂTRE : L’extraordinaire marathon de Julien Gosselin, à Grenoble

Une scène de « 2666 » mis en scène par Julien Gosselin. | JULIEN GOSSELIN

Les Grenoblois ont de la chance : ils peuvent voir ce week-end 2666, le spectacle qui a ébranlé le Festival d’Avignon 2016. Adapté de 2666, l’ultime roman du chilien Roberto Bolano (1953-2003), ce marathon (onze heures) nous mène de la vieille Europe en Amérique, à travers l’histoire de quatre universitaires partis à la recherche d’un écrivain, qui se retrouvent dans une ville à la frontière du Mexique et des Etats-Unis, où des jeunes femmes disparaissent par dizaines, violées et tuées. L’adaptation et la mise en scène de 2666 par Julien Gosselin (29 ans) convient le théâtre, la musique et la vidéo, avec une maîtrise remarquable. On en oublie le temps de la représentation, bien scandé par des entractes, tant la force du récit s’impose, et avec elle une réflexion sur le mal en notre siècle. Brigitte Salino

MC2 Grenoble, 4, rue Paul-Claudel, Grenoble (Isère). Tél. : 04 76 00 79 00. Samedi 14 et dimanche 15 à 11 heures. De 13 € à 27 €.

DANSE : Sur le bateau d’Abou Lagraa, à Suresnes

Répétitions du spectacle « Dakhla » d’Abou Lagraa. | DAN AUCANTE

Abou Lagraa ouvre larges les portes de son inspiration avec sa nouvelle pièce, intitulée Dakhla (« entrée » en arabe). Il voyage entre Alger, Hambourg et New York, avec quatre danseurs (deux hip-hopeurs et deux danseurs contemporains) embarqués sur son bateau. Sur les thèmes du passage, du seuil, de l’autre et de sa différence, de la beauté de l’ailleurs, Dakhla surfe sur les vagues du réel et de la mythologie urbaine sur des tubes de Prince, Supertramp et l’électro du DJ allemand Mike Denhert. Rosita Boisseau

Dakhla, d’Abou Lagraa. Du 12 au 16 janvier, Suresnes Cités Danse, Théâtre de Suresnes, 16, place Stalingrad, Suresnes. De 12 € à 23 €.

THÉÂTRE : Dostoïevski s’invite à Saint-Denis

Teaser _ Karamazov
Durée : 01:27

Les Frères Karamazov ont quitté le ciel de la Carrière Boulbon, où ils sont apparus dans la mise en scène de Jean Bellorini, lors du dernier Festival d’Avignon. Les voilà maintenant dans la grande salle du Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, Aliocha le cœur simple, Ivan le solitaire, Dimitri l’impétueux et Smerdiakof, le fils illégitime, pris dans la quête affolée qui traverse le chef-d’œuvre de Fiodor Dostoïevski, et que Jean Bellorini restitue sans prétention : les personnages sont dessinés, l’histoire est entendue, le rythme enlevé, et la troupe soudée. Si le spectacle manque d’une vision, il a deux qualités qui font du bien : la simplicité et la générosité. Brigitte Salino

Théâtre Gérard-Philipe, 59, boulevard Jules-Guesde, Saint-Denis (Saint-Denis). Tél. : 01-48-13-70-00. Vendredi à 19 heures, samedi à 18 heures, dimanche à 15 heures. De 6 € à 23 €. Durée : 5 heures.

DANSE : A Angers, un festival autour des écritures en solitaire

Noé Soulier | CHIARA VALLE VALLOMINI

Le solo en danse est un portemanteau à fantasmes et revendications. Il est aussi souvent la molécule originelle d’une écriture et d’un style que le temps et des pièces de groupe se chargeront de faire évoluer. Carte d’identité, ADN artistique, autoportrait ou autofiction, ce petit format économique – qui est aussi une qualité, quelles que soient les époques – voit grand. Le Centre national de danse contemporaine d’Angers lance une nouvelle manifestation, Danse Solo, qui se déroule jusqu’au 17 janvier. Un programme consistant rassemble des pièces et des écritures en solitaire extrêmement variées, comme celles de Simon Tanguy, Noé Soulier, Raphaëlle Delaunay ou Cristiana Morganti. Parallèlement, les étudiants du CNDC se risquent à l’attaque de soli historiques, comme ceux de Martha Graham, d’Isadora Duncan ou de Ruth Saint Denis. Un panorama d’ampleur qui atteste de ce socle de création solide face à soi-même qu’est le solo. Rosita Boisseau

CNDC, Angers. Jusqu’au 17 janvier. Tél. : 02 41 22 20 20.

OPÉRA : Haendel fait triompher le Temps à Lille

"Il Trionfo del Tempo e del Disinganno" (Haendel) trailer - Festival d'Aix 2016
Durée : 04:59

Le tableau final du magnifique Il Trionfo del Tempo e del Disinganno, mis en scène l’été dernier par Krzysztof Warlikowski au Théâtre de l’Archevêché d’Aix-en-Provence, nous est resté en mémoire. Défaite par le Temps et la Désillusion, délaissée par Plaisir, Beauté, en larmes, sait qu’elle va mourir. Vision saint-sulpicienne d’une mariée seule à la table des noces, dont la vidéo dévoile en gros plan le passage de vie à trépas. Autour de la fable moralisante composée par Haendel en 1707, l’acerbe Polonais tressait des couronnes de révolte et dénonçait les errements de notre société.

Magnifique, la musique déployait le fleuve de cette longue vanité sonore en musique parée d’airs plus somptueux les uns que les autres. La reprise lilloise de la production se fera certes sans la stupéfiante Sabine Devieilhe (Beauté). A sa place, la délicieuse Ying Fang. Mais les trois autres allégories chantantes seront bien au rendez-vous sous la direction amoureuse d’Emmanuelle Haïm à la tête de son Concert d’Astrée : Michael Spyres, Temps impressionnant d’autorité, Sara Mingardo, émouvante Désillusion, et, dans le rôle de Plaisir, la star argentine, le contre-ténor Franco Fagioli. Marie-Aude Roux

Opéra de Lille. Les 12, 14, 17, 19 et 21 janvier. Tél. : 03-62-21-21-21. De 5 € à 69 €.

JAZZ : Le batteur Nasheet Waits ouvre le festival Sons d’hiver

L’affiche du festival Sons d’hiver, du 13 janvier au 5 février. | DR

Organisé jusqu’au 5 février dans plusieurs villes du Val-de-Marne (et dans quelques lieux parisiens), le festival Sons d’hiver va débuter par un double concert, vendredi 13 janvier, à l’Espace culturel André-Malraux-Théâtre du Kremlin-Bicêtre. Avec, d’une part, le quartette du batteur Nasheet Waits, qui, en parallèle à ses propres formations, a joué avec de nombreux jazzmen, dont Dave Douglas, Fred Hersch, Jason Moran, Antonio Hart ou Joe Lovano.

Et, d’autre part, le saxophoniste et clarinettiste Ernest Dawkins à la tête d’une moyenne formation, où dominent les vents, avec un spectacle qui met en jeu avec la musique des éléments d’électronique, de la vidéo, de la danse… pour un programme qui évoquera l’orchestre de James Reese Europe, qui arriva sur le sol français le 27 décembre 1917 avec le 369e régiment d’infanterie, unité de soldats afro-américains. Au-delà des concerts, Sons d’hiver propose au même endroit, à 18 h 30, une conférence sur « L’Arrivée du jazz en France et en Europe » avec Dawkins et Yannick Séité. Sylvain Siclier

Espace culturel André-Malraux-Théâtre du Kremlin-Bicêtre, 2, place Victor-Hugo. Mo Le Kremlin-Bicêtre. Vendredi 13 janvier, à 20 h 30. De 9 € (moins de 26 ans) à 20 €. Renseignements festival Sons d’hiver au 01-46-87-31-31.