Primaire à gauche : le revenu universel crée un nouveau clivage
Primaire à gauche : le revenu universel crée un nouveau clivage
Par Sarah Belouezzane, Bertrand Bissuel
La proposition portée par Benoît Hamon a été rejetée par les autres candidats à la primaire pendant le premier débat télévisé.
Primaire à gauche : résumé du premier débat en 3 minutes
Durée : 03:20
C’était le thème principal de la soirée du premier débat de la primaire de la gauche. Les sept candidats de La Belle Alliance populaire auront égrené leurs propositions en termes d’économie et de social pendant plus d’une heure et quart sur les quelque deux heures et demie de l’émission. Mais si tous les sujets ont été balayés, du chômage à la fiscalité des ménages en passant par les allégements de charges accordés aux entreprises, un thème a semblé, jeudi soir, se détacher du lot : celui du revenu universel, proposition phare de Benoît Hamon.
L’ancien ministre de l’éducation nationale, qui s’est distingué dans ce débat en imposant un face-à-face contre Manuel Valls, souhaiterait instaurer un revenu de base qui pourrait atteindre 750 euros par personne, à terme. S’il le réserve aux plus démunis et aux jeunes de 18 à 25 ans en priorité, il souhaite l’étendre dans un second temps à toute la population.
Pour le candidat Hamon, l’affaire est entendue : la révolution numérique et les bouleversements technologiques à venir vont raréfier le travail, à mesure que les tâches s’automatisent et que les formes d’emploi évoluent. Une situation aggravée, selon lui, par une croissance de plus en plus molle dont il serait illusoire de penser qu’elle retrouverait ses niveaux d’avant-crise. « ça fait plusieurs décennies que la croissance ne revient pas. Nous devons nous interroger sur la nature des politiques que nous mettons en place », a-t-il expliqué.
Abrogation de la loi travail
« J’ai une conviction : nous vivons des bouleversements inédits. La manière dont nous consommons, le travail se transforment. (…) Il faut, pour cela, tourner la page avec les vieilles recettes. Je veux proposer un chemin où il y aura un nouveau pilier pour notre protection sociale : le revenu universel d’existence, la transition écologique », a déclaré M. Hamon.
« Le revenu universel, c’est 400 milliards d’euros. Qui les paiera ? », s’est interrogé Vincent Peillon, hostile, à l’instar d’Arnaud Montebourg, à cette mesure. Récurrente, la question du coût du financement du revenu universel pour les finances publiques a été balayée d’un revers de la main par M. Hamon. Utilisant un argument qu’il a maintes fois rodé, il a rappelé que la Sécurité sociale apparaissait, elle aussi, impossible à financer lors de sa création.
Sans surprise, la loi travail a, elle aussi, remis en exergue les divergences que cette réforme soulève au sein du PS. MM. Hamon et Montebourg affirment, haut et fort, vouloir abroger le texte, en particulier parce qu’il assouplit les règles relatives au licenciement économique. Le député des Yvelines a cité l’exemple du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) à La Voix du Nord, qui pourrait se traduire par la suppression de 178 postes, à terme. « Non Benoît Hamon, la loi travail n’est pas responsable du plan social à La Voix du Nord », a réagi, jeudi soir, sur le réseau social Twitter, la ministre de l’emploi, Myriam El Khomri. L’un de ses proches collaborateurs souligne que le texte n’a pas modifié les règles applicables aux PSE : « Aucun nouveau motif de licenciement n’a été introduit. » De plus, une entreprise, dégageant un résultat positif, peut engager, depuis des années, un plan social. « Un des motifs traditionnels de licenciement économique, c’est la réorganisation de l’entreprise pour sauvegarder sa compétitivité, explique un magistrat spécialisé en droit du travail. On ne regarde pas les pertes et profits, mais si le plan décidé est bien nécessaire pour que l’entreprise puisse dans l’avenir demeurer compétitive dans son secteur. » La chose s’est produite chez Danone, en 2001.
En réalité, MM. Hamon et Montebourg ne veulent pas faire complètement table rase de la loi El Khomri. Lors d’une rencontre organisée le 10 janvier par l’Association des journalistes d’information sociale (AJIS), l’ancien ministre du redressement productif avait indiqué que certains éléments « intéressants » du texte pourraient être conservés. Il a notamment mentionné le « droit à la déconnexion » et le « compte personnel d’activité ». M. Hamon souhaite également que ces deux dispositions soient maintenues.