Antonio Guterres, un homme de paix à la tête de l’ONU
Antonio Guterres, un homme de paix à la tête de l’ONU
Par Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondante)
Entré en fonctions le 1er janvier, l’ancien ministre portugais entend mettre à profit son engagement auprès des réfugiés.
Le nouveau secrétaire général de l’ONu se définit comme « un honnête médiateur », à hauteur d’hommes. | Wikimédia Commons
L’anecdote, rapportée par la presse portugaise, est à l’image de l’homme : humble, secret et empathique. Après avoir démissionné en 2002 de son poste de premier ministre du Portugal, à mi-mandat, Antonio Guterres a soigné sa déception politique dans les faubourgs pauvres de Lisbonne. Plusieurs fois par semaine, l’ancien ingénieur partait, loin des caméras de télévision, donner des cours de mathématiques gratuits aux jeunes enfants pour se frotter à une réalité bien éloignée des ors de la République. Au contact de la jeunesse, ce fervent catholique pouvait faire « don de soi » et travailler à plus de « justice sociale », lui qui s’était fait élire en 1995 sur la base d’un slogan qui le résume en deux mots : « le cœur et la raison ».
A hauteur d’hommes
Tout juste nommé secrétaire général des Nations unies en octobre 2016 par un Conseil de sécurité qui n’avait pas montré une telle unanimité depuis des mois, Antonio Guterres s’est défini comme « un honnête médiateur », à hauteur d’hommes, qui plus est « des plus pauvres et des plus vulnérables ». « Après ce que j’ai vécu à la tête du HCR [Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU] pendant dix ans, je suis complètement engagé. Vous ne pouvez imaginer ce que l’on ressent à la vue de ces souffrances inimaginables », avait-il avoué dans le Guardian, qui l’interrogeait sur ses motivations.
Dans les camps de réfugiés jordaniens, turcs, grecs, soudanais, kényans ou somaliens, Antonio Guterres est rentré sous des tentes protégées d’une simple bâche en plastique frappée du logo bleu et blanc des Nations unies, pour écouter les récits de ceux qui vivent au quotidien la plus grave crise des réfugiés depuis la seconde guerre mondiale (65 millions de déplacés à travers le monde). L’homme « de cœur » y a vu un appel à s’engager plus encore en postulant pour le « job le plus impossible du monde » – pour reprendre les mots de Trygve Lie, premier secrétaire général de l’ONU de 1946 à 1952 – dans lequel il devra négocier la résolution des terribles conflits syrien, yéménite ou sud-soudanais. Mais l’homme « de raison » ne s’est pas fait que des amis en réduisant d’un tiers les effectifs du HCR à Genève pour mieux redéployer les fonds sur le terrain et gagner la confiance des donateurs.
Il devra ajouter la poigne à son arsenal. Car lui qui veut construire des « ponts » entre les peuples trouvera sur sa route le président élu Donald Trump, qui souhaite ériger des murs et qui incarne « la montée des populismes » dénoncée par Antonio Guterres, tout au long de sa campagne. « Je ne suis pas un faiseur de miracles », a-t-il prévenu lors de son premier jour à la tête des Nations unies. Pour une fois, tout le monde souhaite qu’il se trompe.
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