Le groupe Parcels gagne du terrain
Le groupe Parcels gagne du terrain
M le magazine du Monde
Avec leur électro-funk enfiévré, ces Australiens installés à Berlin scellent les noces de Daft Punk et des Bee Gees.
Sens du groove épuré et finesse des harmonies vocales : les Parcels pourraient bien être l’une des sensations de l’année. | Cal Leplaw Hires
À l’heure de miser sur ceux qui enchanteront la bande-son de 2017, on parie déjà sur Parcels. Ce quintette de jeunes Australiens chevelus, au look de surfeurs, exilés à Berlin a été révélé ces derniers mois par une série de singles (Myenemy, Gamesofluck…), plus électro-funk que Beach Boys. Et par un concert parisien, le 19 novembre 2016, plongeant le public du festival Les Inrocks dans un bain de sueur et de béatitude. Les gamins de Byron Bay (la ville la plus à l’est du continent australien, au sud de Brisbane) regroupent aujourd’hui leurs premiers morceaux dans un EP 5 titres – Hideout –, avant un premier album, annoncé pour ce printemps.
La remarquable précision de leur groove et la cohésion de leurs harmonies vocales témoignent d’une longue camaraderie. Dans leur cité balnéaire natale, aux longues plages vouées à la culture de la glisse, Patrick Hetherington (claviers), Noah Hill (basse), Anatole Serret (batterie), Louie Swain (claviers) et Jules Grommelin (guitare) ont grandi entourés de parents encourageant l’expression artistique.
Tâtonnant d’abord au sein de groupes de heavy metal et de formations folk, la bande d’amis de lycée agrège ses multiples influences quand Patrick et Jules découvrent les joies du home studio. À force de répéter dans le garage du café-pâtisserie – nommé Parcels –, tenu par les parents de Louie, le quintette trouve son nom de scène, en 2014, alors que les garçons terminent leur dernière année de lycée.
Un an plus tard, l’accueil réservé à un premier EP autoproduit, Clockscared, leur donne l’ambition d’échapper à l’isolement australien. Direction Berlin, qui stimule leur imagination avec sa réputation de havre artistique, ses fêtes libératrices, ses loyers modérés et sa position centrale sur l’échiquier musical européen. La vie de bohème, loin des plages de Byron Bay, resserre encore les liens. « Pendant des mois, nous dormions à cinq dans un studio, se souvient Patrick Hetherington. Nous aurions pu finir par nous détester, mais cela nous a rapprochés et encore plus soudés musicalement. »
La capitale européenne de la techno finit aussi par imprégner le groupe de ses rythmes, jusqu’à ce compromis enthousiasmant entre l’amour nostalgique des jeunes Australiens pour la soul, le soft rock et le disco, et la fièvre contemporaine de l’électro. Avec une science de l’épure et des harmonies vocales empruntée aux Anglais de Jungle, ces gamins au look californien font penser à des Daft Punk qui inviteraient Chic, les Bee Gees, Frank Ocean et Steely Dan à jammer avec eux. Repérés par les têtes chercheuses stylées du label Kitsuné (découvreur de sensations des dernières années comme Two Door Cinema Club, Klaxons ou Hot Chip), les Parcels ont progressé au fil de singles et de lives, préparant leurs cartouches pour emballer 2017.
« Hideout », de Parcels, 1 EP Kitsuné (sortie le 27 janvier). En concert le 16 février au Point Éphémère, 200, quai de Valmy, Paris 10e.