Les banquiers véreux enfin rattrapés par la justice espagnole
Les banquiers véreux enfin rattrapés par la justice espagnole
M le magazine du Monde
Cinq ex-dirigeants de la banque NovaCaixaGalicia, condamnés à deux ans de prison pour s’être accordé de généreux parachutes dorés en pleine crise, ont été incarcérés. Contre toute attente.
L’ancienne direction de NovaCaixaGalicia, le 8 juillet 2015, lors du procès. | Fernando Villar/EFE
Les Espagnols n’en ont pas cru leurs yeux : lundi 16 janvier, cinq ex-dirigeants de
NovaCaixaGalicia, l’ancienne Caisse d’épargne de Galice, ont finalement été incarcérés. Une première. Ces banquiers véreux étaient jugés pour le pillage de leur établissement, alors que le sauvetage de ce dernier, en 2012, avait failli provoquer la faillite de l’Espagne…
Rien ne laissait présager un tel dénouement. En octobre, les ex-banquiers José Luis Pego, Gregorio Gorriarán et Óscar Rodríguez Estrada avaient certes été condamnés à deux ans de prison pour « appropriation illicite » – ils s’étaient accordé des parachutes dorés, avec la « complicité nécessaire » de l’ancien président de Caixa Nova, Julio Fernández Gayoso, et du conseiller juridique Ricardo Pradas. Ils devaient en outre rendre 11 millions d’euros au Fond de restructuration bancaire (FROB), créé par le gouvernement en juin 2009.
Mais ils réunissaient, a priori, toutes les conditions pour obtenir le sursis que concède la justice espagnole en pareil cas : une peine courte et pas d’antécédents judiciaires. Pourtant, le tribunal a finalement décidé de ne pas leur épargner quelques mois derrière les barreaux, arguant qu’ils n’ont pas versé les indemnités exigées. Question de principe.
Pillage sans scrupule
L’affaire remonte à 2010. À l’époque, la crise économique fait déjà des ravages en Espagne. Le chômage explose. Les caisses de l’État se vident. Les risques de faillite pèsent sur les taux de la dette, qui flambent. Les caisses d’épargne, établissements semi-publics gérés suivant des critères politiques, appellent le gouvernement au secours. Parmi elles, NovaCaixaGalicia, née de la fusion de deux caisses d’épargne. En 2010, elle obtient 1,16 milliard d’euros d’aide publique.
Les dirigeants, qui sentent que leurs heures sont comptées, n’ont aucun scrupule à piller l’établissement : ils augmentent leur salaire et s’accordent des clauses de préretraite en or, qui leur permettent de toucher, quelques mois plus tard, près de 19 millions d’euros pour avoir laissé un établissement au bord de la ruine… En 2012, NovaCaixaGalicia doit être nationalisée : près de 9 milliards d’euros d’aide publique y sont injectés, alors que la rue crie en chœur, dans des manifestations monstres, « Sauvez les gens, pas les banques ». Elle sera revendue en 2014 pour à peine un milliard d’euros.
La justice espagnole, critiquée pour la « légèreté » de la peine, a finalement estimé que l’ensemble de l’œuvre des dirigeants de la NovaCaixaGalicia méritait bien un peu de fermeté…