LVMH finit 2016 en pleine forme, mais joue la prudence pour 2017
LVMH finit 2016 en pleine forme, mais joue la prudence pour 2017
LE MONDE ECONOMIE
Pour la première fois, le résultat opérationnel s’inscrit au-delà de 7 milliards d’euros.
Le PDG de LVMH, Bernard Arnault, à Paris, le 26 janvier. | ERIC PIERMONT / AFP
Je n’ai pratiquement que des bonnes nouvelles, c’est peut-être lassant pour vous », a lancé Bernard Arnault, jeudi 26 janvier, à l’auditoire venu écouter les résultats annuels de son groupe. LVMH conforte sa position de leader mondial du luxe, en terminant 2016 sur de nouveaux records.
Les ventes ont encore augmenté de 5 %, à 37,6 milliards d’euros, et fait passer, pour la première fois, son résultat opérationnel au-dessus de la barre des 7 milliards d’euros (7,026 milliards). Même si le groupe ne détaille pas, marque par marque, le résultat de ses ventes, les analystes estiment que le chiffre d’affaires de Louis Vuitton est supérieur à 7,5 milliards d’euros, et celui de Sephora à 7 milliards. Si 2016 se révèle assez contrastée, les bonnes performances du second semestre ont contredit les prévisions pessimistes sur la morosité du marché du luxe : au quatrième trimestre, les ventes ont connu une croissance organique de 8 %, à 10,37 milliards d’euros…
Bernard Arnault a été le premier grand patron français à avoir rencontré, début janvier, à la Trump Tower, le président américain fraîchement élu. Il a redit sa confiance dans la politique économique de Donald Trump, qui s’est entouré de « grands professionnels venus de la banque ».
« Marc Jacobs, seule marque du groupe à être dans le rouge »
Les Etats-Unis représentent le marché le plus important (27 % des ventes globales) pour le groupe, qui fabrique déjà sur le sol américain une grande partie des sacs Louis Vuitton qui y sont vendus et prévoit de construire une autre usine pour compléter la production de celle de San Dimas (Californie). Sephora – qui compte plus de 2 000 magasins dans le monde – est devenu le numéro un de la distribution de parfums et de cosmétiques aux Etats-Unis, aussi bien dans ses boutiques que sur Internet.
Les résultats sont nettement moins satisfaisants du côté de DFS – les magasins en duty free du groupe –, qui pâtit d’une conjoncture difficile en Asie, qui pèse sur les résultats du pôle distribution sélective du groupe. « Avec DFS, Marc Jacobs est la seule marque du groupe à être dans le rouge, a précisé Bernard Arnault. Mais on va y mettre bon ordre. Pierre-Yves Roussel [PDG de LVMH Fashion Group] s’y emploie et on va l’en sortir. Je dis toujours qu’il faut se méfier de la mode, c’est fragile et volatil. C’est pour cela que Louis Vuitton doit rester une marque intemporelle. »
« Exubérance statique »
L’activité mode et maroquinerie reste un moteur pour le groupe, avec un chiffre d’affaires annuel de 12,77 milliards d’euros (+ 3 %) et un résultat opérationnel courant en hausse de 10 %. Moins connu des Français, Fendi dépasse le milliard d’euros et, dans une moindre mesure, Kenzo, Céline et Loewe affichent de belles progressions.
Après la cession de Donna Karan, le groupe a investi, en octobre 2016, dans Rimowa et acheté 80 % de la marque allemande de valises pour 640 millions d’euros. Il inaugurait à Paris, jeudi 26, le premier magasin de la marque en présence de son fils, Alexandre Arnault, devenu cogérant de la pépite allemande à 24 ans.
Mais si LVMH entame 2017 avec un flux de trésorerie de 4 milliards d’euros, pas question de faire, pour le moment, de gros achats (ni de grosses cessions, d’ailleurs). « L’espèce d’exubérance statique que nous connaissons ne va pas durer. Nous attendrons le retournement du marché pour investir », résume Bernard Arnault.
« Les taux d’intérêt défient la gravité tellement ils sont bas »
Prenant pour exemple les vins et spiritueux, qui voient leurs ventes croître de 5 %, à 4,8 milliards d’euros, mais feront bientôt face à un manque de stock de Cognac, le patron de LVMH a répété, à plusieurs reprises, la nécessité de se montrer extrêmement prudent par rapport à l’année qui commence.
Comme Warren Buffett, il se dit très optimiste à long terme, mais sait que, sur une décennie, une ou deux mauvaises années sont toujours à prévoir.
Or la dernière crise importante date de 2008. « Les taux d’intérêt défient la gravité tellement ils sont bas, la Bourse grimpe de manière exubérante, mais la situation géopolitique reste difficile à lire, et la croissance très faible en Europe. C’est toujours dans ce genre de période qu’on relâche sa vigilance et qu’il se passe quelque chose d’inattendu. Croyez ma petite expérience. »