« American Gothic », la ferme de la célébrité
« American Gothic », la ferme de la célébrité
M le magazine du Monde
Exposé jusqu’au 30 janvier à l’Orangerie, à Paris, le tableau de Grant Wood représentant un couple de paysans austères s’est imposé dans l’imaginaire américain. Une notoriété qui lui vaut toujours d’innombrables détournements.
2017. Les Afro-Américains en résistance
La couverture du magazine américain « Ebony » de février 2017. | Ebony
Mensuel destiné à la communauté afro-américaine, Ebony a mis à la « une » de son numéro de février un détournement d’American Gothic, réalisé par le dessinateur Kadir Nelson. Le couple de fermiers blancs austères a été remplacé par une famille noire soudée. Le titre, Yes, We Still Can, fait référence au slogan de Barack Obama en 2008. Ebony entend interpeller son lectorat sur les futures politiques de Donald Trump.
2015. Deux acteurs espiègles
Les acteurs américains Amy Schumer et J.K. Simmons. | Amy Schumer/Twitter
À l’été 2015, une internaute pointe une ressemblance physique de l’actrice Amy Schumer avec la femme du tableau : « Je pense que j’ai trouvé [son arbre généalogique]. Elle pourrait descendre de la femme d’American Gothic. » Trois heures plus tard, Schumer publie une photo où elle imite le tableau avec J. K. Simmons, l’acteur de Whiplash. Mais celui-ci a troqué la fourche pour une fourchette.
2004. La fermière mise en boîte à Wisteria Lane
« American Gothic » au générique de la série « Desperate Housewives ». | Capture d'écran
En octobre 2004, sur la chaîne ABC, l’Amérique découvre la vie des Desperate Housewives, une poignée de personnages vivant dans la rue imaginaire de Wisteria Lane. La série démarre par un générique qui détourne des tableaux de Cranach l’Ancien, Van Eyck… et celui de Wood. Sur l’homme est collée une pin-up dessinée par l’illustrateur Gil Elvgren. La femme, elle, est enfermée dans une boîte de sardines.
1994. Des archétypes branchés
La couverture de « Time » en août 1994. | Time
Dans les années 1990 émerge une culture cosmopolite et branchée. En août 1994, l’hebdomadaire Time parodie American Gothic, et titre : « Everybody’s Hip (And That’s Not Cool) » (« Tout le monde est dans le coup, et ce n’est pas cool »). Le couple devient une caricature de branchitude d’alors : piercing à l’oreille et lunettes fumées rondes pour lui, rollers et tatouages rétro pour elle.
1942. Les parias de la ségrégation
Ella Watson, femme de ménage photographiée par Gordon Parks en 1942. | Corbis/Getty Images
En août 1942, le photographe et militant noir Gordon Parks réalise un reportage à Washington D.C., dans les locaux de la Farm Security Administration, organisme public chargé d’aider les agriculteurs pauvres. La ségrégation règne encore, et Parks photographie Ella Watson, femme de ménage, avec un balai et une serpillière, un drapeau américain en fond, recréant la composition et la dureté sobre du tableau de Wood.