Manifestation contre le décret anti-immigration à Los Angeles, dimanche 29 janvier. | JUSTIN SULLIVAN / AFP

« Le tribunal fédéral du Massachusetts a ordonné une suspension provisoire du décret anti-immigration. Si vous êtes un membre, étudiant ou professeur du MIT [Massachusetts Institute of Technology] et que vous êtes visés par le décret, nous vous conseillons de prendre un vol pour l’aéroport de Boston le plus rapidement possible. » C’est en substance ce que dit la lettre adressée par la présidence du MIT à sa communauté, dimanche 29 janvier. La célèbre université technologique de Boston réagissait ainsi promptement à la décision, prise par deux juges du tribunal fédéral de Boston, de suspendre durant sept jours, l’application du décret anti-immigration de Donald Trump dans l’Etat du Massachusetts.

Depuis la signature du « Muslim Ban » vendredi 27 janvier, qui interdit durant quatre-vingt-dix jours aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane d’entrer aux Etats-Unis, les réactions et témoignages de la communauté universitaire se sont multipliés. De Stanford à Princeton, en passant par l’université de Tulane à la Nouvelle Orléans et l’université de Californie, les établissements du supérieur ont conseillé à leurs étudiants et professeurs visés par le décret de ne pas voyager en dehors des Etats-Unis pendant les trois prochains mois.

Impossibilité de revenir

Selon Inside Higher Ed, 17 000 étudiants sont concernés par le décret pris par la Maison Blanche, et parmi eux 12 000 sont d’origine iranienne. C’est souvent la même histoire qui est racontée sur les réseaux sociaux. Partis voir leur famille en Iran pour les vacances de fin d’année, ils ne peuvent plus rentrer sur le sol américain

Niki Mossafer Rahmati, étudiante en génie mécanique du MIT, a raconté dans plusieurs posts publiés sur Facebook, qu’elle a voulu avancer la date de son billet retour à Boston en entendant parler du décret anti-immigration sur la BBC. Trop tard : le décret ayant été signé durant son premier vol de retour, pour Doha, elle a été empêchée d’embarquer à l’aéroport qatari sur le vol suivant, comme des dizaines de ses concitoyens. Payam Jafari, étudiant en master de cinéma à l’Academy of Art University en Californie, s’inquiète de pouvoir y retourner finir son semestre.

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Quant à Ali Abdi, étudiant en quatrième année d’anthropologie à Yale, qui a quitté les Etats-Unis pour ses recherches, craint de se voir interdit de retour.

Riposte

En réponse au décret, une pétition intitulée « No to Immigration Ban » réservée aux universitaires a déjà recueilli 12 000 signatures, dont celles de prix Nobel et d’intellectuels comme Noam Chomsky, professeur de linguistique au MIT.

Dans la lignée de la marche des femmes qui a suivi l’investiture de Trump, une marche pour la science devrait être annoncée dans les jours qui viennent. Destinée à rassembler les chercheurs inquiets du climatosceptisme du nouvel exécutif, elle pourrait finalement rassembler plus largement la communauté universitaire américaine.