Contre Donald Trump, un drone graffiteur programmable
Contre Donald Trump, un drone graffiteur programmable
Par Jean-Michel Normand
L’artiste new-yorkais KATSU a mis au point un quadricoptère conçu pour inscrire des slogans contre le président américain.
KATSU's "Icarus Two" Drone with Writing Capabilities
Durée : 01:03
Dans le bouillonnement créatif anti-Trump qui a saisi le petit monde des artistes de rue, voici venir un nouvel outil : le drone graffiteur. Autoproclamé « vandale urbain «, le new-yorkais KATSU a installé sur un modèle Phantom3 de DJI une bombe de peinture fixée sur une sorte de nacelle articulée. La buse de projection de liquide est programmée à partir d’un PC et l’ensemble est capable de former des lettres, puis des mots lorsque le drone est maintenu en position stationnaire.
La première démonstration de cette « arme graffitoire », baptisée « Icarus Two » et lancée en réponse à la cérémonie d’intronisation du nouveau président, a permis d’écrire (dans un style quelque peu hésitant mais assez lisiblement) : « Scum Trump ». Que l’on traduira par « Trump = racaille ». Avantages de ce drone : pouvoir agir vite, discrètement et, surtout, atteindre des endroits difficiles d’accès, gage de durabilité du message.
KATSU Drone Drawing 2015 on Kendall Jenner
Durée : 01:36
Une sérieuse marge de progression
Théoricien du « drone-vandalisme », KATSU n’en est pas à son coup d’essai. En avril 2015, il avait déjà peinturluré un gigantesque panneau publicitaire à New York, inaccessible au commun des graffiteurs, en utilisant son premier prototype, « Icarus One ». La réalisation de ce nouvel outil fut-elle difficile ? « Pas plus que devoir digérer l’élection de Trump comme président des Etats-Unis d’Amérique », répond KATSU à Motherboard.
Les progrès réalisés par « Icarus Two » sont spectactulaires quoique l’instrument apparaisse largement perfectible, surtout lorsque l’on sait que des drones sont capables réaliser des ballets aériens d’une étonnante complexité, y compris lorsqu’ils sont utilisés en grappes. L’avènement du drone-vandale – faut-il s’en plaindre ? – n’est donc pas pour demain…
Le chemin sera long avant de pouvoir former des graffs élaborés ou, mieux encore, des « graffitivres », ces aphorismes foldingues que l’on croise parfois sur les murs. En attendant, on peut déjà inscrire furtivement et en lettres-nouilles « Trump racaille » avec un drone.
Un mode d’emploi en open source
Désormais, KATSU a l’intention de diffuser en open source un mode d’emploi permettant de bricoler un drone et de programmer la bombe de peinture. Ce qui devrait, espère-t-il, permettre à des bidouilleurs inspirés d’améliorer l’ensemble. Encore faudra-t-il accepter de mettre en situation périlleuse un drone de 1 000 dollars et être capable de maintenir un quadricoptère en position stationnaire à quelques centimètres d’un mur. Même avec un DJI Phantom 4 et son système d’évitement automatique des obstacles. Certains puristes du graffiti formulent d’ailleurs des réserves éthiques à l’égard d’une technique qui risque de rendre leur activité trop accessible et dénuée – ou presque – de risque.
Sur un autre plan, beaucoup d’artistes s’intéressent à la rencontre entre drone et art. Par exemple, pour réaliser des œuvres à la manière de Jackson Pollock, l’inventeur du « dripping » (projection de peinture). En 2015, l’université du Maryland avait même organisé un « hackathon » (concours de projets innovants) sur ce thème.