L’entreprise américaine Vizio épinglée pour ses télévisions connectées trop intrusives
L’entreprise américaine Vizio épinglée pour ses télévisions connectées trop intrusives
Ses appareils espionnaient les habitudes télévisuelles de leurs utilisateurs sans leur consentement. Ces données, couplées à d’autres informations personnelles, étaient revendues à des régies publicitaires.
2,2 millions de dollars : c’est le montant de l’amende qu’a accepté de payer lundi 6 février Vizio, un fabricant de télévisions américain, à la suite d’une plainte de la Federal Trade Commission (FTC), le régulateur américain du commerce, et du procureur général du New Jersey. Il lui était reproché d’avoir scruté les habitudes télévisuelles de ses utilisateurs sans leur consentement pour les transmettre à des régies publicitaires.
Les 11 millions de télévisions connectées fabriqués par cette entreprise américaine scrutaient en effet, selon la FTC, ce que regardaient leurs propriétaires seconde par seconde. Elle était ainsi capable de savoir exactement qui regardait quoi, qu’il s’agisse d’un programme télévisé, d’un Blu-ray ou d’une vidéo d’un service de streaming, par exemple.
« Vizio a ensuite transformé cette montagne de données en revenus en vendant l’historique de visionnage des consommateurs à des régies publicitaires et autres » explique Lesley Fair, avocate de la FTC, sur le site de l’institution. « Et soyons clairs : nous ne parlons pas seulement d’informations sommaires sur les tendances nationales. Selon la plainte, Vizio s’est intéressé à des données plus personnelles. » Celle-ci indique que les données de visionnage récoltées par l’entreprise étaient couplées à des informations comme le sexe, l’âge, le niveau de revenu ou d’éducation, mais aussi le statut marital ou encore la taille du foyer.
Des publicités ciblées sur d’autres appareils
Comment étaient obtenues ces données ? En fournissant l’adresse IP du client, qui permet d’identifier, par exemple, sa « box » Internet, à d’autres entreprises spécialistes de l’agrégation de données. Celles-ci disposaient déjà d’un certain nombre de données personnelles sur ces personnes, qui ont ainsi pu être couplées avec leurs habitudes télévisuelles afin de proposer des publicités ciblées, explique la FCT. « Vizio permettait aux régies publicitaires de tracer et de cibler ses clients à travers plusieurs appareils », souligne Lesley Fair. Ce qui signifie que les publicités ciblées pouvaient apparaître non seulement sur la télévision, mais aussi sur l’ordinateur, le téléphone ou la tablette du client.
Ce qui a vraiment posé problème à la FTC n’est pas tant la collecte et l’exploitation de ces données que le fait que celles-ci se fassent par défaut, sans autorisation de l’utilisateur. Car Vizio, dont les téléviseurs sont majoritairement vendus aux Etats-Unis, n’est pas la seule à se livrer à ce genre de pratique. D’autres grands fabricants de télévisions connectées, un peu partout dans le monde, peuvent accéder au même type de données et les vendre à des régies publicitaires. Mais aux Etats-Unis, la plupart des autres marques demandent le consentement du client et ne sont donc pas inquiétées.