TV : « Kaboul Kitchen », un râleur s’en est allé, un escroc arrive
TV : « Kaboul Kitchen », un râleur s’en est allé, un escroc arrive
Par Daniel Psenny
Notre choix du soir : La série poursuit sa route avec le même ton ironique que dans les saisons précédentes mais sans Gilbert Melki (sur Canal+ à 21 heures)
Kaboul Kitchen - 2nd teaser CANAL+ [HD]
Durée : 00:31
C’est la loi des séries. Le succès arrivant et les saisons s’enchaînant, les acteurs principaux exigent souvent que leurs prétentions financières soient revues à la hausse. Une négociation toujours délicate avec les producteurs qui, parfois, peut aller jusqu’à la rupture. C’est ce qui s’est passé avec Gilbert Melki, l’emblématique Jacky Robert, patron du Kaboul Kitchen dans les deux premières saisons de la série, qui a décidé de ne plus continuer l’aventure en raison de désaccords financiers.
Si quelques-uns dans l’équipe murmurent à voix basse qu’ils ne sont pas mécontents du retrait de l’acteur, son départ a obligé les auteurs à réécrire entièrement les premiers épisodes de la saison 3 qui étaient déjà en boîte. La première version est donc partie directement à la poubelle.
Pour ce retour à la case départ, les producteurs et Canal+ ont alors rappelé Allan Mauduit et Jean-Patrick Benes, les deux auteurs de la première saison qui, avec Marc Victor (le véritable propriétaire du Kaboul Kitchen de 2004 à 2008), ont créé la série. Après une très longue réflexion, les trois auteurs ont inventé un nouveau personnage à la place de Jacky qui, à la fin de la saison 2, avait fait croire à sa propre mort. « Le renoncement de Gilbert Melki a finalement été une chance pour nous et la série », expliquait Jean-Patrick Benes lors d’une rencontre en juin 2016 sur le tournage dans les environs de Casablanca, au Maroc. « Cela nous a permis de nous renouveler et d’introduire un nouveau héros totalement différent ».
Exit donc Jacky et bonjour Michel Caulaincourt, escroc mondain poursuivi par des mafieux russes à qui il doit beaucoup d’argent. « Un râleur s’en va, un escroc arrive », résume Allan Mauduit. Réfugié au Kaboul Kitchen, Caulaincourt va y côtoyer tout au long de cette troisième saison le petit monde hétéroclite d’expatriés, espions, membres des ONG qui conjuguent, à longueur de journées, piscine, femmes et alcool. Il va surtout apprendre à connaître le fantasque colonel Amanullah, le grand maître de Kaboul. Ruiné par la CIA qui l’a jeté en prison, le militaire de pacotille en ressort avec de grands projets : abandonner le trafic de drogue pour devenir le futur président de l’Afghanistan. Michel y voit tout de suite la possibilité de se remplir les poches de dollars…
Pour interpréter Caulaincourt, les producteurs ont fait appel à Stéphane De Groodt, l’humoriste et acteur-réalisateur belge révélé au public dans l’émission « Le Supplément» de Canal+ où il proposait sa chronique « De Groodt une fois». « Nous avons été séduits par cette proposition car De Groodt est l’exact contre-pied de Melki. Son arrivée permettait de le faire entrer immédiatement dans les nouveaux épisodes et auprès de la petite troupe d’acteurs », expliquent Mauduit et Benes. De son côté, l’acteur affirme « avoir tout de suite accepté le rôle ». Il n’avait jamais vu la série ce qui lui a permis de créer son propre personnage.
Kaboul Kitchen - Interview des comédiens 2/2
Durée : 01:18
Au cours de ces dix nouveaux épisodes réalisés par Virginie Sauveur (Engrenages), Guillaume Nicloux (Valley of love) et Frédéric Balekdjian, on retrouvera donc presque tous les personnages de la première saison dont l’incontournable colonel Amanullah (excellent Simon Abkarian), Sophie (Stéphanie Pasterkamp), Axel (Benjamin Bellecour), Victor (Marc Citti) Damien (Alexis Michalik) et le génial Habib (Fayçal Azizi) qui va devenir le chanteur vedette de l’émission de variétés locales « Afghan Star ». « Le ton reste transgressif, jamais cynique », dit Véra Peltekian, membre de la direction de la fiction de Canal+. « Personne n’est épargné mais tout le monde est regardé avec tendresse. La comédie, par essence, bouscule l’ordre établi ».
Adaptée de plusieurs histoires vraies, Kaboul Kitchen séduit toujours par son écriture rigoureuse, ses dialogues ironiques, ses personnages loufoques et décalés qui semblent tout droit sortis d’une bande dessinée. « La troisième saison démarre dans un poste de police miteux et se termine dans une piscine de champagne au Kaboul Kitchen », résume Allan Mauduit. Tout est (presque) dit.
Kaboul Kitchen (saison 3), d’Allan Mauduit, Jean-Patrick Benes et Marc Victor. Avec Simon Abkarian, Stéphanie Pasterkamp, Benjamin Bellecour, Marc Citti, Alexis Michalik, Fayçal Azizi. (Fr., 2017, 10x30 min).