Etudes de kiné : des frais de scolarité qui varient entre 184 euros et 9 200 euros par an
Etudes de kiné : des frais de scolarité qui varient entre 184 euros et 9 200 euros par an
Par Elsa Tabellion
La Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie révèle et dénonce, dans une étude, l’écart de prix injuste entre les différents Instituts de formation en masso-kinésithérapie.
Les frais de scolarité des étudiants en kinésithérapie varient selon les instituts de formation. | Russell Watkins/DFID
Une formation de quatre ans, dont les frais d’inscription varient entre 184 euros et 9 200 euros l’année. Voilà l’écart de prix qui existe entre les différents Instituts de formation en masso-kinésithérapie (IFMK), alors qu’au final, « les étudiants ont le même diplôme d’Etat à la fin de leur cursus », pointe la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (FNEK) dans une étude publiée le 20 février.
Une formation cinquante fois plus chère d’un institut à l’autre
L’organisation étudiante, rattachée à la FAGE, a établi un classement après avoir enquêté sur les frais d’inscription des 42 IFMK de France, et leur mode de financement. A l’issue de ce long travail, elle a montré que l’institut le plus coûteux pratique des tarifs cinquante fois plus élevés que les moins chers, alignés sur les frais d’inscription à l’université (retrouvez au bas de cet article le tableau complet).
Si certains instituts sont publics, et d’autres privés à but non lucratif ou privés à but lucratif, « le montant des droits de scolarité n’est pas corrélé au statut », observe la FNEK. Ainsi, si l’institut le plus cher se trouve être un établissement privé à but lucratif, situé à Paris Assas, et que les huit instituts les moins chers sont tout publics, les frais atteignent 6 000 euros par an à l’IFMK public de Brest.
Le financement des régions pose problème
Comment expliquer un tel écart de prix dans des IFMK à statut identique ? Depuis la loi de décentralisation de 2004, les formations sanitaire et sociale sont sous la responsabilité des régions, qui les financent de façon très variable.
« On a rencontré l’association des régions de France il y a deux mois. Ils sont au courant du problème mais ils ne sont pas décisionnaires. Ils peuvent sensibiliser les régions mais au final, ce sont bien ces dernières qui affichent leurs priorités », explique le vice-président de la FNEK, Joachim Le Tallec, étudiant en troisième année de kiné.
Par exemple, les IFMK du Centre-Val-de-Loire (Orléans) et de Grand-Est (Reims, Nancy, Strasbourg, Mulhouse) sont très largement financés par leur région, et l’année y coûte entre 184 euros et 744 euros. A contrario, la plupart des IFMK d’Ile-de-France et de Bretagne (Brest, Rennes) ne bénéficient pas d’aide du conseil régional, et leurs frais annuels dépassent souvent les 6 000 euros. « La formation est la même dans tous les IFMK. Certains peuvent proposer des enseignements complémentaires, mais ce n’est pas dans les IFMK les plus chers qu’il y en aura ou que les cours seront de meilleure qualité », ajoute M. Le Tallec.
Trente pour cent des étudiants contractent un prêt
Pour la FNEK, « ces inégalités entre instituts sont injustes », et s’avèrent d’autant plus discriminatoires que les étudiants ne peuvent pas choisir l’IFMK dans lequel ils vont étudier. En effet, pour accéder aux études de kiné, il faut d’abord valider une première année universitaire. Trois cas sont possibles : une Paces (la première année commune aux études de santé, dite « faculté de médecine »), une L1 de Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) ou une L1 de biologie.
Or, comme le rappelle la FNEK, les filières Paces et Staps sont « sous tension » tant elles sont demandées : pour avoir une chance d’y obtenir une place, les lycéens doivent postuler, par Admission post-bac (APB), dans une université de leur académie. Même si les études de kiné y sont plus chères qu’ailleurs. Quand l’université est conventionnée avec plusieurs IFMK, seuls les étudiants les mieux classés à l’issue de leur L1 peuvent choisir celui où ils poursuivront leur formation en kiné.
C’est ainsi que « plus de 30 % des étudiants en kinésithérapie doivent contracter un prêt d’en moyenne 25 000 euros pour mener à bien leurs études », déplore la FNEK. L’association va interpeller les candidats à la présidentielle pour obtenir un meilleur financement des instituts, et « faire en sorte que tous les étudiants soient sur un même pied d’égalité », indique Joachim Le Tallec.